Nick Costley-White : Poncha

Nick Costley-White : Poncha

Ubuntu Music

Basé à Londres, le guitariste Nick Costley-White s’est fait remarquer avec deux premiers albums sortis respectivement en 2018 (« Detour Ahead ») et en 2023 (« Nice Work ! ») qu’il a abondamment interprétés sur scène. Le voici de retour avec un troisième enregistrement réalisé avec un quartet de musiciens britanniques incluant le saxophoniste Julian Siegel, le contrebassiste Conor Chaplin et le batteur James Maddren. Combinant sophistication et approche ludique, les sept titres, tous de la plume du leader, s’inscrivent dans un post-bop marqué par des influences latines, en particulier cubaines et brésiliennes. Un titre comme « Noites No Porao » par exemple, embrasse l’allégresse du « choro » tout en assumant l’héritage bop d’un Joe Henderson. Nick y joue de la guitare acoustique tandis que Julian Siegel délivre des phrases légères qui tourbillonnent en délicates et entraînantes circonvolutions. Plus dramatique est « Inside Good, Outside Bad » qui traduit en musique l’angoisse claustrophobique d’un confinement Covid. L’improvisation magistrale du leader permet d’apprécier sa technique de guitare, cette fois électrique, dont la sonorité claire s’accorde à merveille à un phrasé fluide et bien articulé. Quant à la composition « Sputnik Sweetheart », qui fait référence à une nouvelle d’Haruki Murakami, elle en reflète le mystère et la nostalgie dans un cadre poétique magnifié par des solos successifs de guitare et de saxophone tout en demi-teintes. On peut d’ailleurs souligner combien les deux solistes, soutenus par une rythmique très dynamique, sont en parfaite harmonie d’un bout à l’autre de l’album, se partageant à égalité l’ensemble des contributions improvisées. Alternant styles et climats, « Poncha », qui révèle incidemment le talent de compositeur du leader, offre une expérience sonore imagée et passionnante.

Pierre Dulieu