Ventilateur : Rage de vivre

Ventilateur : Rage de vivre

W.E.R.F. / N.E.W.S.

Avec son slogan sympa « le jazz pas jazz », le label W.E.R.F. nous a gâtés ces derniers temps en nous proposant des projets aussi intéressants qu’éclectiques. Pensez simplement aux écarts qui existent entre An Pierlé, Donder, Don Kapot, Louise van den Heuvel, Early Light Forms et tant d’autres. Des découvertes souvent borderline sur lesquelles il est difficile de coller une étiquette unique. Des interactions fondées sous la forme de bands aux musiciens interchangeables. Oui, c’est aussi cela le nouveau jazz flamand, qui semble disposer d’une source intarissable. Jazz ? Ici, la donne change un peu… Ce ventilateur aux hélices flottantes se compose de trois musiciens autrefois basés à Bruges, Gand étant devenue leur nouvelle tour de contrôle. Nous avons Iben Stalpaert aux fûts, Jasper Hollevoet à la basse (clairement électrique, parfois rugueuse, écoutez donc « Aloam » et « Brûl ») et Daan Soenens à la guitare. Même configuration que Dans Dans dont on peut parfois les rapprocher (« New Houses, Lost Memories », qui accueille aussi l’inévitable Nathan Daems). Ce « Rage de vivre » (un titre qui fait référence au confinement qui nous a … empêchés de vivre) est leur deuxième album publié chez W.E.R.F. Il suit à distance « sanitaire » (trois ans) un « Hoofdplaat » annoncé « plus rétrospectif ». Pas de gêne ici (il n’y aurait pas de plaisir…), le trio se lâche à corps perdu dans un tourbillon qui les entraîne sur des voies inattendues. Des voies qui peuvent se situer en bordure de l’expérimental (« Hysbak » avec Patricia Vanneste au violon) ou dans les contrées sombres du rock alternatif, façon Crime & the City Solution (le magnifique « For Better Days » avec Luc Missiaen au chant) ou Anita Lane (le court « Rage de vivre » en clôture, sur lequel Naomi Sijmons pose ses propres mots). Pas vraiment jazzy (quoique), pas tout à fait post-punk (à voir…), vous l’aurez deviné, ce « Rage de vivre » jubilatoire et énergique est un album « rock pas rock ».

Yves Tassin