Jon Irabagon : Server Farm
Sur « Server Farm », le saxophoniste Jon Irabagon donne son avis sur les avantages et les inconvénients de l’intelligence artificielle. Rassurez-vous, seule la pochette est conçue artificiellement. L’élaboration musicale est entièrement artisanale, bien que réalisée avec un amalgame d’instruments très spécial. Pour ce disque, Irabagon a réuni autour de lui un nouveau collectif électro-acoustique de dix musiciens. Les membres du groupe sont : Mazz Swift (violon, voix), Peter Evans (trompette, bugle), Miles Okazaki (guitare), Wendy Eisenberg (guitare), Matt Mitchell (piano, Fender Rhodes, Prophet-6), Michael Formanek (contrebasse), Chris Lightcap (basse), Dan Weiss (batterie), Levy Lorenzo (kulintang, ordinateur portable, électronique, vibraphone) et Irabagon lui-même (saxophone ténor, sopranino, effets). Un véritable supergroupe, en quelque sorte. Pendant une heure, ils confrontent l’auditeur à un choc entre le virtuel et le réel, du moins sur le papier. Ce qui sort des enceintes est un uppercut bien senti. Les compositions d’Irabagon se rapprochent de celles de Carla Bley sur « Escalator Over The Hill », mais les fans de Zappa ne seront pas en reste. Grand, avec multiples détails et conçu comme un double quintet. Pour l’essentiel, Irabagon a écrit en pensant à ses musiciens en particulier. Pour ce faire, il a travaillé comme une I.A. humaine en fouillant la discographie de chacun d’entre eux et en intégrant ces données dans ses partitions, à la différence que dans chaque cas, il a laissé suffisamment d’espace pour leurs propres contributions.
C’est ainsi qu’il a élaboré la juxtaposition de l’organique (« Farm ») et de l’artificiel (« Server »). Le CD est structuré selon un scénario en crescendo, divisé en cinq chapitres (« Colocation », « Routers », « Singularities », « Graceful Exit », « Spy »). Chaque morceau est marqué par une dynamique différente mais très sophistiquée. Dans le dernier morceau, sur des paroles d’Irabagon chantées par Mazz Swift, la paranoïa atteint son paroxysme. Un chef-d’œuvre époustouflant qui figure déjà sur les listes de fin d’année.
En partenariat avec Jazz’Halo
Traduction libre : Yves Tassin
