Pierre de Bethmann Quartet : Agapé
Un jour, ils sont au Studio Ferber et il produisent « Credo » (2024) et le lendemain ils se retrouvent au même endroit et, mus par un élan créatif doublé d’une irrépressible connivence, ils décident de jouer « autre chose ». Et cela donne « Agapé ». Six compositions signées du pianiste Pierre de Bethmann, qui offrent beaucoup de place à l’échange, aux dialogues et aux (bonnes) surprises. Au sax ténor, David El Malek ne se prive d’ailleurs pas d’aller rebondir sur ces mélodies riches et aussi lyriques que complexes. Soutenus par une rythmique très soudée et toujours inventive (Simon Tailleu à la contrebasse et Antoine Paganotti à la batterie), les deux solistes explorent la ballade introspective et dépouillée (« Deep »), une autre plus nocturne (« Rien », avec motifs répétitifs et silences), un swing vivifiant (« En plus ») ou un autre, mâtiné de prog rock (« Agapé » et ses nappes cosmiques au Korg). Chacun des morceaux est propice à la découverte d’une énergie nouvelle. Le toucher de Bethmann se combine avec élégance au son sinueux et affirmé d’ El Malek. Quant à la contrebasse et la batterie, elles se permettent des incursions bienvenues, discrètes et utiles. Tout est joué sous le signe de l’amitié sincère, voire même de l’amour (« Agapé » n’est rien d’autre que le synonyme d’ « amour désintéressé »). C’est donc grâce à cet amour de la musique, d’abord, et par le plaisir de la jouer ensemble que ce disque a vu le jour… et qu’il embellit le nôtre.
