
James Brandon Lewis Quartet : Abstraction Is Deliverance
« Je suis touché par le son profond et spirituel de Lewis » (Sonny Rollins), « Il est le gardien de l’héritage de John Coltrane » (Marc Ribot) ou encore « Meilleur saxophoniste apparu lors de ces quinze dernières années » (le tout-venant…). Inutile de relire la fable de La Fontaine pour se souvenir qu’il vaut mieux se méfier de ce genre de compliments… Mais admettre néanmoins que ces propos élogieux sont largement fondés. Ce moulin à notes insatiable, aussi bien dans son jeu que par le nombre de concerts auxquels il participe, alterne grands moments de tension et courtes périodes apaisées. Ce fut encore le cas à Liège, lors de son festival annuel du mois de mai où il s’est produit en… trio (avec le fidèle Chad Taylor aux drums et l’immense bassiste électrique Josh Werner) dans une prestation remarquable et très énergique. Ceci à quelques semaines à peine de la sortie de ce disque-ci joué en quartet (Aruán Ortiz au piano et Brad Jones à la contrebasse à la place de Werner) dans un tout autre style. Neuf titres, dont une seule reprise (« Left Alone » de Mal Waldron) interprétés en grande partie en mode « ballades ». Cette retenue dans le jeu sera perceptible dès la plage inaugurale (« Ware », dédié au saxophoniste David S. Ware) et ne sera abandonnée qu’à de courts moments où JBL s’éloigne farouchement de la partition. Le tempo s’accélère alors et Lewis lâche la tension qui semble l’habiter en déversant des salves de notes expressives dans les enceintes (« Remember Rosalind », « Mr. Crick »). « Abstraction Is Deliverance » est un album de transition rempli de belles mélodies et de moments forts en intensité, où le son chaud du saxophone nous enveloppe dans un cocon convenu et inhabituel… mais tellement agréable !