Matteo Paggi : Giraffe
Lors du récent festival « Jazz à Liège », le quintet d’Enrico Rava a fait une très forte impression : autour du trompettiste aujourd’hui âgé de 85 ans et toujours dans une très belle forme, quatre jeunes musiciens italiens ont carrément ébloui l’assistance. Le tromboniste, Matteo Paggi, a marqué les esprits par sa forte personnalité et par ses interventions remarquablement décidées. Ce musicien de 28 ans, qui vient d’être nommé « Nouveau Talent 2024 » par la revue Musica Jazz, nous propose son deuxième album en tant que leader, un an après « Words ». Ce disque se divise en deux parties : les quatre premiers morceaux enregistrés en Italie à l’automne passé et les trois derniers datant du printemps 2020 lorsqu’il résidait aux Pays-Bas (qu’il vient de quitter tout récemment pour s’installer à Paris). Dans la première partie, le tromboniste est accompagné d’un saxophoniste alto, d’un pianiste, d’un contrebassiste et d’un batteur : ces quatre compositions montrent un Paggi aller encore plus loin dans l’expérimentation, évoluant vers un son sophistiqué avec des influences tantôt rock, tantôt puisant dans la tradition jazz (qui fait que, finalement, ces compositions échappent à tout genre), avec une volonté de totale liberté de création, où l’improvisation et la composition ne font qu’un, où les musiciens ont une grande liberté de s’exprimer. Ce qui n’empêche pas un morceau classiquement lumineux comme « Ham and Sun » qui évoque des souvenirs d’enfance. Pour les trois derniers titres, une trompette, un piano, une basse électrique et une batterie entourent le leader. On ressent dans ces compositions les prémisses des aventures à venir et déjà ce chassé-croisé entre écriture et improvisation. Malgré ces quatre années de distance entre ces enregistrements et des musiciens différents, on ressent au final une grande cohésion tout au long d’un disque avec un musicien dont on risque de beaucoup entendre parler dans les années qui viennent.
