Erlend Apneseth : Song over støv

Erlend Apneseth : Song over støv

Hubro

Dès les premiers arpèges de « Straumen forbi » qui ouvre cet album, on sait déjà qu’on l’adoptera. Qu’on le choiera, qu’on le posera bien en évidence auprès de nous, de peur de le quitter du regard et (surtout) des oreilles un peu trop longtemps. D’emblée, on reconnaît ici l’humilité, la liberté et la sensibilité (oui, ajoutons-le ce mot !) propre au musicien de jazz norvégien. Plus précisément celui qui pose discrètement un pied dans la flaque du jazz avant de le retirer illico en vous faisant croire qu’il ne l’a pas fait exprès… Qu’en fait, son univers à lui, c’est la musique folklorique du grand Nord. Ben tiens ! Erlend Apneseth (on allait oublier de citer son nom) n’est ni le premier, ni le dernier musicien de jazz norvégien qui nous fera prendre des vessies pour des lanternes, et c’est très bien ainsi. Dans la vitrine du label Hubro, il y en a plein, il suffit de tendre la main. Depuis le début de sa carrière discographique personnelle (un peu moins d’une dizaine d’albums) Apneseth brasse avec bonheur aussi bien les traditions folkloriques que les improvisations propres au jazz. Son outil de travail, c’est une version norvégienne de notre violon, le hardanger. Pour confectionner ce « Song over støv » apaisé (« chanson sur la poussière »), il a fait appel à deux autres joueurs de hardanger. Si bien qu’on a l’impression qu’un quatuor à cordes s’emploie aux côtés de l’accordéon (Frode Haltli), des flûtes, de l’harmonium (Anja Lauvdal), du saxophone et de la section rythmique. Oui, ces valses poétiques se jouent pratiquement à du 100% acoustique. Et cet ensemble étoilé ne pouvait que nous ravir !

Yves Tassin