Jean-Paul Dessy : Voices of the Animals

Jean-Paul Dessy : Voices of the Animals

Cypres

L’idée de recourir aux sons émis par des animaux comme matériau musical n’est pas neuve, que l’on se souvienne des enregistrements de baleines de Chris Watson ou d’insectes de Graeme Revell. Avec « Voices of the Animals », Jean-Paul Dessy pousse plus loin la démarche. L’animal occupe ici une place centrale, ce ne sont plus simplement ses sons qui s’incorporent à l’enregistrement, mais sa voix qui donne corps aux compositions. Dessy dialogue avec l’animal. Seul avec son violoncelle, son jeu est ramené à une expression épurée, en constant équilibre tant il ne cherche jamais à rivaliser avec l’animal et encore moins à le surpasser. Son bestiaire sonore est étendu. Il s’ouvre sur « The Bat’s song », une suite de cinq morceaux mettant en relief autant d’espèces de chauves-souris. Sur « Rest Forest », ce sont les singes, les chacals, le renard, les ours et autres animaux sylvestres qui sont à l’honneur. « Fable Ineffable », une pièce plus ancienne, convoque baleines, dauphins et loups où c’est son orchestre à cordes (Musiques Nouvelles) qui est à l’œuvre. En clôture, « The Prey’s Prayer » se présente comme une « méditation de l’oiseau contemplant la condition humaine ». Lors de la présentation de l’album, Dessy raconte qu’il doit à son instituteur sa véritable rencontre avec les oiseaux, quand celui-ci conduisait la classe dans un petit bois surplombant le Hoyoux aujourd’hui disparu pour écouter leurs chants. De là naîtra sa passion pour l’ornithologie. Plus tard, il rencontrera Messiaen qui lui donnera l’envie d’être musicien. Une succession d’événements qui fait sens à l’écoute de ce nouvel opus du violoncelliste le plus aventureux de Belgique.

Eric Therer