
Adam Fairhall & Johnny Hunter : Play Mary Lou Williams
Considérée comme la première pianiste de jazz, l’Américaine Mary Lou Williams (1910 / 1981) a connu une carrière étonnante. Elle a joué du boogie woogie, du swing, du be-bop, du jazz tout en s’essayant aussi à l’improvisation. Après sa conversion au catholicisme, elle s’est concentrée plus sur le gospel pour atteindre un sommet en 1969 quand elle a composé sa troisième messe. Rien de particulier me direz-vous, sauf que celle-là était destinée au Vatican ! Auparavant, elle avait composé, entre autres, pour Benny Goodman, Count Basie ou Louis Armstrong et avait joué dans les groupes d’Andy Kirk, de Charlie Parker, de Duke Ellington, de Cecil Taylor et j’en passe ! Sur cet album, ce sont deux musiciens anglais qui rendent hommage à son talent et à la diversité de sa musique : le pianiste Adam Fairhall, qui joue sur un vieux piano droit, et le batteur Johnny Hunter qui ne joue ici que de la caisse claire ! Se succèdent, sur cet album, dix compositions revisitées par le duo et on y écoute et découvre cette diversité innée à l’univers de Mary Lou : du blues, du boogie, du rock’n roll, du bop, du swing, du ragtime, du jazz et du free jazz. Les sonorités lumineuses et sereines du piano, souvent rapides et aérées, et de la caisse claire, sont à la fois conformes au passé, mais le duo n’hésite pas à imprimer sa marque sur certains titres. L’association des deux instruments est efficace et établit un pont entre des sons issus du jadis et le jazz contemporain relativement improvisé. Nous pouvons entendre ces incursions particulières au sein de certaines plages. Et pour preuve de cet ancrage dans la diversité, il y a cette plage finale qui nous propose une seconde version de « Lady Be Good » qui nous immerge cette fois, dans le classique contemporain. Mais auparavant, vous aurez souvent l’envie de taper dans les mains ou du pied pour marquer le rythme et accompagner Adam et Johnny dans leur bel hommage à une artiste qui méritait bien d’être remise un peu dans l’actualité. Ou d’être découverte pour d’autres. Un efficace album, nostalgique mais aussi communicatif.