Adja : Golden Retrieve Her

Adja : Golden Retrieve Her

Sdban – N.E.W.S.

Après un premier EP 25 cm paru en 2023 et nommé « Ironeye » voici venir le premier LP de la chanteuse compositrice désormais bruxelloise Adja Fassa. Dans une belle continuité, elle a écrit les paroles et a composé l’entièreté des musiques. Elle est aussi restée fidèle à son équipe de base puisqu’à ses côtés nous retrouvons celle des débuts. A savoir : son compagnon et guitariste Alexis Nootens, Rudy Coclet (Simple Minds, Arno, Sharko et de nombreux autres belges sont passés par son Jet Studio) comme ingénieur du son et Koen Gisen (An Pierlé Quartet) au mixage. Adja, véritable touche à tout – elle fait aussi de la danse et du théâtre – s’est chargée de la production avec le singer songwriter, DJ et producteur anglais Adam Scrimshire. Ce furent une dizaine de musiciens (guitare, claviers, contrebasse, batterie, cordes et choristes) qui vinrent poser leurs instruments et leurs voix sur les onze titres du vinyle. Une collection de chansons toutes aussi diversifiées que sur l’EP des débuts. On évolue alternativement dans des univers qui fluctuent entre la néo soul parfois funky, du jazz à l’ossature classique et des petites touches de gospel souvent renforcée par la présence d’un Rhodes vraiment efficace lors de chacune de ses interventions. Adja possède une certaine aisance dans le fait de moduler sa voix, la rendant imposante sur certains titres, la posant plus retenue, sensuelle, charmeuse voire cajoleuse sur d’autres. Ou très séduisante comme sur la plage titulaire. Au détour de certaines parties de chansons, on se surprend à penser à d’autres chanteuses évoluant un peu dans les mêmes sphères : Erykah Badu, Selah Sue, Lianne La Havas, Raye (avez-vous vu son extraordinaire concert à Glastonbury en direct sur la BBC ?). Au niveau des surprises, des secousses instrumentales au sein de cet album, nous noterons l’efficace section de cordes sur « Better Bitter », un imposant solo de guitare, très rock, sur « Sucking On My Emphatitties » ou le très étrange « The Sound Of A Mother (Interlude) » où je pense que ce que nous entendons se passe au sein du liquide amniotique, matière qui entoure le fœtus dans l’utérus ! Les sons et le titre me semblent y faire référence. Quant aux trois dernières chansons, elles jouent la carte de la simplicité avec un accompagnement souvent réduit à un piano (« Be Patient (Outro) »), joue la carte de la délicatesse, de la retenue (« Nook ») sans négliger les brefs appoints de vagues plus remuantes. Mais « Rest Our Hearts » en plage finale refusera toutes concessions. Je pense qu’il est utile de vous faire savoir qu’Adja fait de la méditation, du yoga, afin d’être bien, de se remettre en question s’il le faut, de bien communiquer. Est-ce la raison pour laquelle elle a créé quatre cartes de tarots, déposées dans la pochette et sur lesquelles elle prend la pose ? Exposant à tous son côté mystique. Adja nous présente un bel objet, un bel écrin pour magnifier sa musique convaincante, séduisante qui ne renie pas une touche d’audace.

Claudy Jalet