Le Gaume Jazz Festival 2025 : quelques moments forts

Le Gaume Jazz Festival 2025 : quelques moments forts

Eve Beuvens © France Paquay

La 41ème édition du Gaume Jazz Festival a tenu toutes ses promesses. Le contraire nous aurait étonnés !

C’est un détail qui ne trompe pas : au Gaume Jazz, on retrouve toute une série d’amis / journalistes / musiciens simultanément. Je veux dire par là qu’on en retrouve aussi à d’autres festivals organisés dans le pays, mais moins, pas tous en tout cas. Evidemment, d’une année à l’autre, selon les besoins de repos ressentis, certains se trouvent à l’étranger en ce début de mois d’août. Mais interrogez-les, ils vous affirmeront quand même qu’ils tentent d’organiser leurs occupations estivales pour être présents sur la plaine de Tintigny ce week-end-là.

J’avoue pour ma part avoir loupé l’ouverture du festival, à cause d’une journée sacrifiée dans les bouchons qui nous ramenaient d’Italie. Je laisserai donc le soin à Jean-Pierre Goffin d’en dire plus sur la journée du vendredi. Voici pour le reste, quelques temps forts que j’ai vécus lors de mon week-end gaumais.

Eve Beuvens Trio ‐ Lysis

Leur premier patronyme, Tri(w)o(rd), je trouvais ça assez élégant. Il n’a pas été retenu lors de la sortie de l’album « Lysis » et finalement, ça ne change pas grand-chose à l’affaire. Dans cette prestation intimiste, il y a en effet des mots libérés par Lynn Cassiers, des mots écrits par des auteurs connus ou pas. Mais il y a aussi des notes de musique : le piano d’Eve, la contrebasse de Lennart Heyndels. Des notes éparses qui se jouent entre les silences. Quand Eve prend le temps de lever le coude dans un geste ample avant que ses doigts ne retombent lentement sur le clavier… Je lui avais conseillé (mais qui suis-je pour donner des conseils à cette magnifique musicienne ?) d’écouter Mark Hollis qu’elle ne connaissait pas. Je confirme, Eve… Et je pense sincèrement que c’est un fameux compliment !

Naïssam Jalal © France Paquay

Naïssam Jalal – Landscapes of Eternity

Naïssam ne s’en cache pas : cette artiste à fleur de peau vient de vivre des moments douloureux. Des moments qui ont donné vie à mon album préféré de 2024 (« Healing Rituals ») mais aussi à un voyage en Inde d’où elle nous ramène ces magnifiques moments de fusion. Aux côtés de ses fidèles « frères » Zaza Desiderio (batterie) et Leonardo Montana (piano) viennent s’ajouter quatre musiciens du Nord de l’Inde qui apportent avec leurs instruments (voix, tabla, sarod et tanpura) une spiritualité sans entraves. Le bourdon résonne et peu à peu, nous nous envolons aux sons du chant suppliant de Naïssam. Frissons fréquents et bonheur de la retrouver backstage plus tard, très souriante…

Children of Simone

Il faut avoir des c… pour s’attaquer à un tel répertoire qui risque vite de sentir la redite et le déjà entendu. Pourtant, les Children of Simone n’en ont pas… ! Rien que des nanas, souvent très jeunes, parfois (souvent ?) inexpérimentées. Mais que ça fait du bien les filles ! Tout n’est pas parfait, il faut l’avouer. Mais le show valait la peine d’être vécu. Certaines d’entre vous disposent d’un sacré talent ! Pour info : ce spectacle s’inscrivait dans le cadre du projet « jazz at the neighbours » qui consiste à inviter des artistes néerlandophones au Gaume Jazz (et inversement au Leuven Jazz). C’en est d’autant plus beau symboliquement !

Children of Simone © France Paquay

Aurélie Charneux

Détentrice d’une « carte blanche », Aurélie avec ses clarinettes nous a tout d’abord invités à la suivre en « off » et en solo sur le site archéologique de Montauban. Fraîcheur du matin, soleil généreux et beauté de l’endroit se sont associés pour créer un moment suspendu.

Plus tard, de retour dans la plaine, elle nous a présenté un spectacle qui mettait en présence un double trio. L’un avec Nicolas Puma (contrebasse) et Simon Leleux (percussions) qui vient de faire l’objet d’une publication, « Cinquième saison » disponible chez Home Records, l’autre avec Eve Beuvens et la violoncelliste Marine Horbaczewski qui devrait se concrétiser sur disque sous peu.

Aurélie Charneux © France Paquay

Jazz at the Neighbours

« C’est pas un champs de betteraves qui nous empêchera de partager nos musiques entre le Nord et le Sud ». Cette phrase, on la doit au Directeur du festival, Jean-Pierre Bissot. Un Directeur qui a largement ouvert la porte de son festival à nos voisins (et néanmoins amis) flamands puisqu’outre les déjà évoqués Children of Simone, trois autres groupes néerlandophones ont occupé les différentes scènes du festival le dimanche. Ceci dans des registres très différents. Le triptyque démarrait avec le trio electro-jazz Kin Gajo (dont on connaît déjà l’accordéoniste Stan Maris et le Dishwasher_ Werend Van Den Bossche). Sont venus s’ajouter à cette « fête des voisins » les expérimentés Bord du Nord (emmenés par le trompettiste Sam Vloemans en grande forme) et la fraîcheur de la chanteuse folk-pop Elis Floreen qui dispose d’un talent indéniable !

Elis Floreen © France Paquay
Yves Tassin