Le dossier Intervalles du mois ‐ Septembre : Kate Bush #3

Le dossier Intervalles du mois ‐ Septembre : Kate Bush #3

En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois, un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte, en mots et en sons.

Nous achevons ici notre feuilleton Kate Bush avec un troisième et dernier épisode qui sera consacré à ce qui ressemble la fin d’une carrière. Kate Bush prend ses distances avec le show-business et nous donne de ses nouvelles parcimonieusement, toujours avec beaucoup de classe…

Intervalles #345 ‐ L’émission du 26 août 2025 : Kate Bush #3

1. Kate Bush : Experiment IV (« The Whole Story ») – EMI

Nous avions clôturé la deuxième partie du feuilleton à une époque où Kate Bush connait un immense succès, y compris aux States (enfin ! disions-nous), ceci avec l’album « Hounds of Love » paru au mois de septembre 1985. Dans la foulée ‐ c’est de bonne guerre ‐ son label EMI publie une compilation afin de faire fructifier cet immense succès. Notons que « The Whole Story » (qui est le titre de cet album) sera officiellement la seule vraie compilation que Kate Bush acceptera de sortir. On y reviendra. Sur cette compilation, son plus grand succès commercial à ce jour, un inédit, « Experiment IV ».

2. Kate Bush : Rocket’s Tail (« The Sensual World ») ‐ EMI

On le sait, Kate Bush préfère demeurer discrète plutôt que de s’afficher comme une star. Elle a besoin de temps pour elle et ses proches, si bien que l’album suivant, « The Sensual World » ne sortira que quatre années après le précédent. Autour d’elle, on retrouve l’équipe habituelle : son mari Del Palmer, son frère Paddy Bush ou encore David Gilmour que l’on vient d’entendre ici lors du solo de guitare.

3. Le Mystère des Voix Bulgares : Messetschinko Lio Greilivko (« Le Mystère des Voix Bulgares ») ‐ 4AD

Autre fait marquant, Kate Bush tombe sous le charme du Trio vocal Bulgarka que son frère lui a fait découvrir. Un trio avec lequel elle poursuivra une collaboration pendant de longues années. En fait, ce trio fait partie du Chœur féminin de la télévision nationale bulgare qui connaît à l’époque un succès mondial sous le nom du Mystère des Voix Bulgares.

4. Kate Bush : The Fog (« The Sensual Worl ») ‐ EMI

Avec « The Sensual World », et malgré le très bon accueil de la presse, on n’atteint évidemment pas les chiffres de ventes de « Hounds of Love ». Ce dont Kate Bush ne s’inquiète d’ailleurs absolument pas. Il y a sur l’album une autre chanson importante : « The Fog » avec la participation du violoniste Nigel Kennedy, très présent sur l’album et où on entend le père de Kate Bush, le Docteur Bush, dire à sa fille : « Pose juste tes pieds sur le fond de l’eau mon enfant, car tu es grande maintenant. »

5. Suzanne Vega : The Queen and the Soldier (« Suzanne Vega ») ‐ A&m

A nouveau, Kate Bush décide de prendre du recul, ce qui laisse la place à quelques chanteuses qui, à leur tour, vont connaître le succès. On pense à deux femmes en particulier : Sinead O’Connor mais également Suzanne Vega dont la musique sophistiquée est largement appréciée par les fans en manque de Kate Bush.

6. Kate Bush : You’re the One (« The Red Shoes ») ‐ EMI

Il faudra donc attendre quatre années de plus avant que ne paraisse le septième album de Kate Bush : « The Red Shoes ». Qui serait pour beaucoup son album le plus faible. Les interventions de Gary Brooker, d’Eric Clapton, de Prince même ou encore de Jeff Beck que nous allons entendre n’y changeront rien. Ce disque marque par ailleurs la séparation du couple Bush / Del Palmer auquel elle dédie ce titre : « You’re the One ».

7. Kate Bush : Bertie (« Aerial ») ‐ EMI

Cette fois, il faudra attendre douze années avant que Kate Bush ne revienne au cœur de l’actualité avec un nouvel album. Entretemps, on a bien eu droit à quelques participations à des compilations (« The Love of Gershwin » par exemple), mais rien de plus. La raison principale de ce grand silence tient au fait que Kate Bush devient maman en juillet 1998. Elle accouche en effet de son unique fils, Albert McIntosh, dit « Bertie » auquel elle consacrera tout son temps et cette chanson éponyme que l’on retrouve sur son nouvel album « Aerial ».

8. Kate Bush : King of the Mountain (« Aerial ») ‐ EMI

Paru en novembre 2005, « Aerial » est un double CD agencé un peu de la même façon que « Hounds of Love » avec son découpage en deux parties. La première partie s’ouvre sur le single « King of the Mountain », une chanson durant laquelle elle s’adresse à Elvis Presley lui-même : « Pourquoi faut-il qu’un millionnaire remplisse sa maison d’objets aussi inutiles que coûteux ? »

9. Kate Bush : Prologue (« Aerial ») ‐ EMI

Quant au second CD, il est entièrement consacré à un titre, « A Sky of Honey » divisé en neuf mouvements qui font référence à la beauté de la nature et qui démarre d’ailleurs par le chant des oiseaux. « Sky of Honey », la pochette orange en est l’illustration avec, au milieu, la représentation en ondes du chant du merle.

10. Kate Bush : Lily (« Director’s Cut ») ‐ EMI

« Aerial » est un album exigeant, ce n’est pas un grand succès commercial, mais il reçoit néanmoins un accueil dithyrambique de la presse et de ses fans. Sur ce « Prologue » que nous venons d’entendre, on reconnaît particulièrement la contrebasse d’Eberhard Weber. Viennent s’ajouter dans l’album Michael Kamen pour les arrangements (qui décédera quelques semaines après la sortie de « Aerial »), un autre jazzman, le batteur américain Peter Erskine, puis à nouveau Gary Brooker de Procol Harum et même Lol Creme de 10CC. Cette fois, la suite viendra un peu plus tôt… « Director’s Cut » arrive dans les bacs le 16 mai 2011, mais il ne s’agit pas à proprement parler d’un véritable nouvel album puisqu’il regroupe onze chansons de son répertoire, toutes tirées de « The Red Shoes » ou de « The Sensual World », revisitées en bandes analogiques, rechantées dans une autre tonalité, parfois avec de nouvelles paroles et parfois réenregistrées complètement. C’est le cas du très réussi « Lily » que l’on retrouvait sur « The Red Shoes ».

11. Kate Bush : Snowflakes (« 50 Words for Snow ») ‐ Fish People

C’est avec un album très épuré que Kate Bush achèvera peut-être sa discographie studio. « Fifty Words for Snow », un album presque intégralement consacré à la neige, sort quelques mois après la relecture « Director’s Cut ». Sept titres magnifiques qui dépassent parfois les dix minutes au chrono. Des atmosphères qui peuvent nous rappeler par moments celles des derniers albums de Talk Talk. Cet album, dont je vous propose une version raccourcie de « Snowflakes » pour les besoins de l’association War Child, sort le 21 novembre 2011… Il y aura bientôt 14 ans !

12. Kate Bush : Running up that Hill (A deal with God) ‐ Live « Before the Dawn »

Le 27 mai 2022, Netflix délivre sur les plateformes le dernier épisode de la série à succès « Stranger Things ». On peut y voir l’héroïne Max possédée par le monstre Vecna. Elle bascule inévitablement vers la mort. Max est inconsciente et pour la ramener à la vie, ses amis pensent qu’il faut lui faire écouter sur son walkman sa chanson préférée : « Running up that Hill » (pour rappel, sous-titrée « A Deal with God »). C’est le lien qui ramène Max à la réalité et qui la sauve… Trente-sept ans après sa sortie, la chanson atteint la première place des charts. Kate Bush se trouve dans le livre Guinness à trois reprises. A 63 ans, elle est notamment la femme la plus âgée à se classer en tête des charts britanniques ! Sans compter que cette chanson a été écoutée en streaming sur Spotify ‐ à cette heure ‐ à plus d’un milliard et quatre cents millions de reprises… C’est en 2016 que Kate Bush nous offre une dernière fois un album. Un « live », car oui, elle est revenue sur la scène en 2014 pour un spectacle divisé en trois actes qui a pour nom « Before the Dawn ». Et dont je vous propose de tirer, en clôture de cette spéciale Kate Bush, la chanson qui a sauvé Max.

Il est fort probable que « Before the Dawn » ne connaîtra pas de suite.

Intervalles sur Equinoxe FM
Chaque mardi à 22 heures (rediffusion le jeudi, 22 heures)

Yves Tassin