Les nuits et les jours de Querbes : Édition 2025

Les nuits et les jours de Querbes : Édition 2025

Atmosphère Querbes © Eric Therer

Ne cherchez pas Querbes sur une carte, vous ne trouverez pas. C’est dans ce hameau de quelques fermes aveyronnaises, et plus exactement dans une ancienne grange, celle de Jean-Paul Oddos, que tout a commencé il y a près de trente ans. Au fil des ans, ce qui n’était qu’un modeste événement de rencontres et de partages musicaux et littéraires s’est muté en un véritable festival qui s’est professionnalisé, investissant d’autres lieux. Pour autant, il n’a jamais cessé de se départir de son esprit originel mêlant amitiés et curiosité. Rappelons que Querbes s’affiche comme un festival étiqueté « jazz / littérature / performance ».

Jean-Paul a eu la gentillesse de nous convier une nouvelle fois pour cette édition 2025, la vingt-huitième, qui se tenait au cours du premier week-end du mois d’août dont le thème s’intitulait : « Zéro de conduite ! ». Ou comment, lorsqu’on est enfant, adolescent, on invente son propre chemin face aux injonctions, aux normes, aux influences, aux traditions, aux intérêts économiques, aux stratégies familiales ? Comment échapper aux « zéros de conduite » brandis de toute part ? L’occasion d’expurger des textes historiques comme « La Vie de Lazarillo de Tormès » écrit au seizième siècle par un anonyme ou « Autour de l’Enfant » de Jules Vallès et d’en confier la narration à haute voix, par extraits, à des lectrices et lecteurs sous les arbres ou sous un kiosque.

Le vendredi, en guise de concert d’accueil, on a pu écouter, sous les halles du marché de Capdenac-Gare, la prestation vivifiante de Rose Tapir, un combo du cru qui revendique, je cite : un jazz transe hirsute ! Le samedi s’ouvrait sur une performance déambulatoire dans les rues de la bourgade conviant enfants, festivaliers et curieux. Elle fut suivie du mot d’accueil (Jean-Paul nous rappela l’emprisonnement arbitraire de Boualem Sansal, qui naguère fut un des premiers écrivains invité au festival) et du vin d’honneur. L’après-midi se poursuivait par une rencontre avec les écrivains et écrivaines conviés cette année : Alix Lerasle, Karine Parquet, Eric Pessan et Paloma Hermina Hidalgo. En début de soirée, Lou Tavano, nommée aux Victoires de la Musique en 2020, une des voix les plus remarquées de la scène jazz française actuelle, délivrait un set intense. Après le souper pris dans le parc (ici pas de food-trucks mais un seul et même repas convivial partagé entre artistes et public et prière à chacun de faire la vaisselle des assiettes et couverts après !), le Machado Novo Trio révélait un Jean-Louis Machado en pleine forme, accompagné du fabuleux percussionniste brésilien Ze Luis Nascimento et du contrebassiste Claude Tchamitchian. Un autre trio, celui réunissant Jean-Luc Amestoy, Gilles Carles et Laurent Guitton clôturait la soirée sous un autre arbre à la faveur de la brise nocturne.

Le dimanche se déclinait entre café littéraire en matinée et l’émouvante prestation de l’Orchestre National de Querbes, réunissant des musiciennes et musiciens amateurs ou confirmés de tous âges, à l’heure du thé. Amestoy y présenta une valse chavirante digne d’un Michel Legrand ! Le soir, Cynthia Abraham, performeuse autant que musicienne, passait de sa voix, à son looper, à ses percussions, à sa flûte sans désemparer. One-woman-show !

On le répète : Querbes est un événement unique, ancré dans le territoire et dans la communauté au sein de laquelle il prend place. Un endroit de convergences et de liens.

Eric Therer