La carte blanche de Fabrizio Cassol au Marni : « A Book of Intentions »

La carte blanche de Fabrizio Cassol au Marni : « A Book of Intentions »

Fabrizio Cassol Quartet © Cristina Vergara

Comme le dit Fabrizio Cassol en introduction, le concert du Marni Jazz Festival était l’occasion de réunir des musiciens qu’il a rencontrés dans des sphères musicales différentes : Ezgi Elkermis, musicienne turque spécialiste du darbouka, le guitariste-bassiste Rodriguez Vangama rencontré à Kinshasa et déjà partenaire sur les créations « Coup Fatal » et « Requiem pour L », et la violoncelliste Adèle Viret aux sessions Medinea et déjà impliquée dans des projets du saxophoniste comme « Aka Moon + Guests » au Grand Manège de Namur. La réunion de ces talents au Marni était donc une première, et le public ne s’y est pas trompé, la salle du Marni était bien remplie pour l’événement. « A Book of Intentions » est le nom du projet dont Fabrizio nous explique le sens : « Il y a dans cette pièce musicale un déroulement dramaturgique, un scénario cinématographique ou une façon de sentir le déroulement de telle sorte que l’on ait l’impression que chaque nouveau présent ne reviendra pas. Pour cela, certaines parties se nomment « From Intuition to Intention » ou « From Intention to Action ». Alors, « A Book of Intentions » est venu comme une proposition rapide. »

C’est un Fabrizio Cassol visiblement heureux d’être là qui demandait au public d’applaudir chaque musicien tout en rappelant que Duke Ellington s’est produit dans la même salle ! Pas de musicien mis en avant, l’envie est visiblement de présenter un travail collectif sur de nouvelles compositions. Sax et violoncelle puis la darbouka, ensuite la guitare et le violoncelle tissent des liens vers la mélodie suivante où le tempo est plus soutenu. Seul quelques apports de boîte à rythme ou d’effets amenés par l’ingé-son se glissent dans une musique résolument tournée vers l’acoustique. Ezgi Elkermis chante dans l’esprit des tâlas de la musique indienne, c’est à la fois technique, inspiré et envoûtant quand le chant est repris par le sax. Les compositions jouent beaucoup sur le dialogue entre le sax et la guitare, le sax et le violoncelle, le sax et les percussions. Le violoncelle d’Adèle Viret suggère, souligne, percute, ponctue, envoûte tant l’entente avec Fabrizio Cassol semble télépathique. Le final est étourdissant et lorsque Fabrizio présente une dernière fois les musiciens, on ne ressent que de l’amour dans ce projet qu’on rêve déjà de revoir au plus vite.

Jean-Pierre Goffin