
Liun + The Science Fiction Band : Does It Make You Love Your Life ?
Impossible de ne pas vous parler de la pochette pour débuter cette chronique. En effet, tout est pratiquement illisible sur les six faces du packaging. De l’écriture verte quelque peu fluorescente sur un fond mauve. On pourrait presque parler de suicide commercial. A contrario d’œuvre d’art contemporain ! J’ai malgré tout trouvé un semblant de solution pour déchiffrer quelque peu les écrits : j’ai approché une source de lumière et en faisant pivoter le contenant, je suis parvenu à lire des choses ! Est-ce que, conscient du fait, quelqu’un a jugé bon de rajouter un sticker autocollant afin de nous donner un minimum d’infos ? A savoir : le nom des deux artistes, celui du groupe et le titre de l’album. Album qui se révèle intéressant, voire parfois passionnant. Internet étant notre ami, je peux vous dire que la chanteuse responsable de ce projet se nomme Lucia Cadotsch et qu’elle est accompagnée, pour ce qui est leur troisième album sous le nom de Liun, par Wanja Slavin, un jazzman compositeur et producteur qui joue d’un nombre impressionnant d’instruments : piano, synthés, percussions, flûte, saxophones, clarinette, trompette. Lucia est suisse mais vit à Berlin, vient du milieu du jazz contemporain, mais toutes les musiques semblent la passionner puisqu’elle chante aussi de la country, reprend des standards jazz au sein de Speak Low ou collabore avec AKI (un album sur Heatcore Records) ! Liun est un projet électronique qu’elle mène avec Wanja, mais ils ont invité sept musiciens à les seconder aux guitares, batteries, percussions et cuivres ainsi qu’un ensemble de cordes de quatorze membres. Ensemble, ils vont nous distiller un album hybride, sophistiqué. De l’électro acoustique délicate, fragile qui se la joue dansante, planante. Elle inclut de belles trouvailles, de bénéfiques interventions, des pincées de world festive comme sur « Katze ». Une composition plus complexe, plus dense, plus trance et super efficace. Comme nous trouvons aussi de la pop orchestrale contemporaine avec des mélodies entêtantes, notamment sur la belle plage d’ouverture « Speak To Me », je serais tenté d’écrire que Liun, c’est comme un croisement entre Hooverphonic, Moby, Astralasia et la pop à succès, distillée par quelques chanteuses actuelles. De la pop qui intègre des cordes symphoniques, de l’électro dansante et de l’ethno. Sans oublier « Bloody Breakup » qui nous emmène dans un univers fantasmagorique, cinématographique à la Tim Burton, un peu Kate Bush avec un sax issu de chez Supertramp ou Gerry Rafferty sur la finale ! Un étrange voyage synthétique qui se termine sur un évanescent « So Long » tout en suspension. Comme quoi le jazz peut vous emporter vers de nombreuses voies, avec un certain bonheur.