Dear Uncle Lennie : Sister Juniper

Dear Uncle Lennie : Sister Juniper

BMC / IGLOO

Créé il y a trois ans, l’album « Dear Uncle Lennie » s’est distingué par son format original alliant piano, guitare et banjo, sur des pièces courtes. Ce deuxième volet intitulé « Sister Juniper » suit la même voie artistique que le premier en y instillant cette fois les sonorités de la clarinette basse de Joachim Badenhorst sur quelques pièces, et en développant ici la musique dans un format plus long – le premier album avait été défini fort justement comme une suite de haïku. L’esprit de la musique lui ne change pas, toujours porté par une recherche plus de l’expression et du mystère que de la mélodie, de l’image sonore plus que d’un travail rythmique (l’absence d’instrument rythmique évoque la musique de chambre). Le pianiste Camille Alban-Spreng et le guitariste Benjamin Sauzereau se partagent les compositions, seule la première, « labyrinth », étant de la plume du banjoïste italien Marco Giongrandi et posant d’entrée l’esthétique minimaliste de la musique.

Le récit musical met en scène une série de personnages : « dear niece thelma », « danièle », « oscar the third », « sister juniper », « platoon five » et « sister rozemarijn » sans qu’on puisse y déceler une logique narratrice, ni d’ailleurs une unité de style : est-ce du jazz ? de la musique folk ? de la musique contemporaine ?… Finalement, on s’en balance, tant l’écoute de ces douze récits sonores est passionnante et nous entraîne dans un univers fascinant aux issues mystérieuses : le titre « labyrinth » en ouverture serait bien un appel pour l’auditeur à ne pas chercher des pistes dans les voies impénétrables de cette musique, mais plutôt de se laisser emporter par les images sonores qu’elle procure, auxquelles participent grandement les touches acoustiques ou carrément électriques de Benjamin Sauzereau, ou les couleurs country/folk de Marco Giongrandi. Mention spéciale pour « platoon five » au rythme obsédant et jouissif ponctué des interventions de Joachim Badenhorst. Voilà trois musiciens qui ont créé un univers aussi original que passionnant. Un magnifique album.

En concert à la Jazz Station (Bruxelles) le 24 octobre.

Jean-Pierre Goffin