Laura Cole : Sky Chord / Haptic Space
Ce double album est sous-titré « The Music Of Ron Caines – For Solo Piano / String Quartet ». Un petit mot de présentation sur Ron Caines pour débuter. Ron est un saxophoniste vétéran de la scène jazz et de l’improvisation en Angleterre. Il a débuté en jouant de la clarinette dans un groupe de style New Orleans, puis du bebop. Avant de se faire connaître au début des seventies en formant le groupe de rock East Of Eden dans lequel il dit avoir développé quelque peu le côté psychédélique. De toute façon, un chouette groupe que j’avais eu l’occasion de voir deux fois, dont une fois au Trocadéro de Liège ! J’ai toujours l’affiche de ce concert ! Après quelques albums et quelques hits singles, le groupe se sépare et Ron rejoint la scène jazz. Il joue notamment avec Keith et Julie Tippett (Julie Driscoll au cas où…), Steve Lacy et compose pour la télévision, pour des documentaires et d’autres choses qui lui assurent un revenu. Dans son actualité récente, on le retrouve au sein d’Axis avec notamment Martin Archer et Laura Cole, l’instigatrice de cette double sortie qu’elle consacre aux compositions de Ron en les arrangeant pour son instrument de prédilection : le piano. Sur le premier CD, elle joue seule au piano onze titres (65’) et nous emmène dans un monde intimiste, calme. Tout s’écoute presque religieusement. Nous sommes immergés dans une succession de notes, d’accords, de soupirs que l’on peut identifier comme du jazz classique contemporain et qui s’écoute également comme de la sereine musique classique. Seul le titre « Calypso Roto » se veut légèrement plus enjoué. Un peu comme du Chopin mais tout est relatif. Parfois elle ne joue que sur les notes claires, les martèle d’une approche plus brute et pose des instants de silence, comme sur « 1934 ». A écouter ou à laisser s’écouler comme musiques d’ambiances, comme fonds sonores. Sur le second cd, c’est un quatuor à cordes, l’Ember Quartet, qui joue les compositions de Ron toujours ré- arrangées par Laura. Aux sons d’un violon, d’un violon alto, d’une contrebasse et d’un violoncelle, nous découvrons cinq titres déjà proposés sur le premier CD. Sur ce dernier (55’) les nouvelles orchestrations, plus étoffées, nous permettent d’écouter d’autres arrangements tout en maintenant un côté assez contemplatif. Bien que, parfois, un côté bruitiste, free, secouant se fasse entendre. Sur le cinquième et dernier morceau, Laura rejoint le quatuor au piano pour un titre de quinze minutes. Un condensé de toutes les sonorités jouées auparavant. Des écrits de la plume de Laura figurent sur la pochette intérieure et elles sont de bonnes clefs pour nous permettre de pénétrer l’univers, la musique de ces singuliers musiciens. Je préfère, malgré tout, terminer par « pour public averti, très curieux ».
