Seven Windows : Seven Windows

Seven Windows : Seven Windows

Sunnyside Records – Xango Music Distribution

Paru initialement en 1986 sur le petit label hollandais Friends Records, cet album est étrangement passé au travers des écoutes de beaucoup de monde. Près de 40 ans plus tard, il ressort sur un label américain dans une version augmentée. Les huit titres de la version originale ont été complétés par quatre autres chansons qui se meuvent sans problème dans les atmosphères des premières éditées. « Seven Windows » était le projet, réalisé uniquement en studio aux States, de trois personnes : le producteur, arrangeur, mixeur A.T. Michael MacDonald (rien à voir avec celui des Doobie Brothers), le producteur bassiste Steve Dwire, mais surtout le chanteur anglais Jess Roden auteur de neuf des douze titres. Qualifié de chanteur « Blue eyed soul » (les blancs qui chantent la soul et le rythm’n blues) Jess a publié une dizaine d’albums sous son nom ou sous celui du Jess Roden Band et s’était même produit au Jazz Bilzen en 1976 ! Auparavant, il avait joué dans le groupe d’Andy Bown, dans Butts Band avec des membres des Doors et dans le Stomu Yamashta Go Too ! Il n’a pas fait une carrière extraordinaire, mais était un magnifique chanteur, bien considéré par ses pairs et régulièrement convié pour faire les backing vocaux derrière de grands noms : The Who, Mott The Hoople, Sandy Denny, Carol Grimes ou Grace Jones (il chante sur « Nightclubbing » !). Mais revenons à cet album. Un chanteur compositeur talentueux et deux producteurs, à cette époque, c’est un peu juste pour réaliser un album. Appel fut ainsi fait à de nombreux musiciens. Parmi eux, citons : le talentueux saxophoniste Lee Goodall (Dr John, Van Morrison, Keith Tippet, Marcus Miller…), un autre sax en la personne de Lou Marini (Blues Brothers, Blood Sweat and Tears), le bassiste Mark Egan (Pat Metheny, Sting, Stan Getz, Bill Evan, Carly Simon, et même Duran Duran !), le guitariste Elliott Randall (Steely Dan). J’arrête, ils sont une vingtaine de ce gabarit ! Les douze chansons sont efficaces, mélodiques et s’inscrivent dans un croisement d’adult oriented rock et de pop classique avec des touches de soul, de jazz (ce son de trompette savoureux joué par Michael Leonhart de Steely Dan sur « NYC »). Les sonorités sont assez typées eighties, on écoute facilement cette pop rock tranquille, assez dense, magnifiquement interprétée et produite et on pense immanquablement à des noms tels que Dire Straits, Toto, Peter Gabriel, Simply Red. Il y a même des envolées lyriques, un peu prog à la Pink Floyd. Notamment sur « Shakey Got the Blues » ou « Flight ». Quelques titres auraient pu devenir des hits dans la lignée de ceux des nommés ci-dessus. Je pense notamment à « Parachutes », « 12 O’Clock Mambo » ou « Chase The Caravan ». Trois titres vraiment irréprochables, sur lesquels les années ne semblent pas avoir d’effets négatifs. Vraiment une superbe initiative que celle d’avoir ressorti cet album.

Claudy Jalet