Uneven Eleven: Live In Brighton
Uneven Eleven est en quelque sorte un « super groupe » formé uniquement pour la scène il y a une quinzaine d’années. Pour preuve, avant cet album, il n’en avait publié qu’un seul, également enregistré en public : « Live At Cafe Oto » en 2015. Au sein d’Uneven Eleven jouent trois musiciens issus de la scène alternative et ils se situent sur le fil des certains styles : le rock indépendant et intransigeant, le jazz improvisé, la répétition musicale et « chantée ». Ces trois musiciens sont le guitariste japonais Makoto Kawabata (Acid Mothers Temple), le bassiste belge Guy Segers (Univers Zero, Eclectic Maybe Band) et le batteur – chanteur anglais Charles Hayward (This Heat). Cet album live fut enregistré le 25 mai 2013 au Sticky Mike’s Frog Bar à Brighton et a été mixé par Guy Segers. Mais, comme le signale le label, pour éviter toute controverse, il a la qualité sonore d’un bon bootleg. C’est honnête de le signaler, moi, je trouve qu’il sonne vraiment comme si nous étions dans la salle ! Applaudissements compris. Le trio se lance dans trois longues improvisations collectives (65 minutes) qui compilent quelque peu des pans de l’histoire du jazz et du rock. Trois digressions hypnotiques, souvent axées sur la répétition, rythmiquement efficaces puisqu’elles incitent à la danse, enfin je devrais spécifier « à se remuer ! ». On est plus dans un squat que dans une boite ! (je l’aime bien celle-là). Makoto nous balance des délires hendrixiens notamment sur « Knead The Beat », Charles martèle en syncope et « chante ». En fait, il propose des répétitions de mots entre voix qui discourt ou chante. Guy lie le tout avec une basse efficace et démonstratrice, son talent n’étant plus à prouver. Cet album devrait convaincre essentiellement les coutumiers de The Fall ou de The Ex, mais il séduira certainement les accros des trois groupes desquels ces musiciens sont issus. Et je rajouterai bien Blurt (même s’il n’y a pas de saxophone) et Dog Faced Hermans. Comme avec tous ces groupes, on s’immerge dans la scène punk rock alternative, le free jazz, l’improvisation, la noise, un peu de metal, de prog et j’ai même décelé des élans white funk dans « Mineral Knot ». Si vous n’avez pas de concert prévu ce soir, offrez-vous ce live dans votre salon et n’hésitez pas sur le volume sonore.
