Small Blue : Furrow
C’est le batteur anglais Martin Paye qui se trouve à la base de ce projet. Secondé par la bassiste Marianne Windham et le remarquable pianiste David Beebee, Martin a composé douze morceaux que le trio a, par la suite, arrangés. Grand improvisateur, il s’est mis au piano pour les compositions et a avoué que ce changement d’instrument fut, pour lui, comme un processus thérapeutique ! Ces morceaux s’insèrent dans la tradition du jazz moderne, tout en maintenant des assises classiques. Nous avons droit à une alternance entre des plages qui swinguent, bien remuantes, bien groovy et qui donnent envie de taper des pieds, et de belles ballades lyriques, atmosphériques, parfois proches de la contemplation. Elles sont toutes intéressantes et au service d’un jazz remarquable, captivant, scintillant, jouées par ces trois virtuoses, mais c’est le piano qui occupe bien évidemment le rôle de meneur. Un magnifique soliste qui œuvre tout en finesse, en retenue et nous captive sans cesse (« Topaz », « Honey Suite »). Les jeux des deux autres musiciens sont peut-être moins spectaculaires, mais leur efficacité est évidente. A l’intérieur de la pochette, Martin Paye nous dévoile les histoires qui se cachent derrière ces douze morceaux. Elles lui furent inspirées par des lectures, des nouvelles, des poèmes, des films ou des endroits qu’il a visités. C’est ainsi que « Karesansui » évoque un jardin japonais, assez nu dans sa décoration, et matérialisé par des bruits d’eaux et des bols musicaux ! « Prabaker’s Taxi » narre une course en taxi à Bombay et le chaos provoqué par la densité du trafic dans cette ville. Il y a même une « chanson à boire » placée en fin d’écoute : « Laughing and Crying and Drinking and Waltzing ». Un jazz bluesy, tristounet, presque aux effets titubants ! Je vous laisse vous imprégner par les histoires des autres compositions. Moins insolites certes, mais tout aussi porteuses d’images. Une belle découverte, un superbe album fédérateur.
