Benjamin Sauzereau Remorque : Deux

Benjamin Sauzereau Remorque : Deux

W.E.R.F. / N.E.W.S

Deuxième volet d’une saga dont la fin est loin d’être en vue. Le guitariste Benjamin Sauzereau repart en exploration en compagnie de la violoniste Amèle Metlini et de la violoncelliste Annemie Osborne. Cette fois-ci, ils sont accompagnés du guitariste Vitja Pauwels, qui fournit les changements nécessaires au décor magico-réaliste dans lequel ils évoluent.

La première impression découle de la pochette, une fois encore offerte par Patricia Gelise. Des personnages flous dans un décor vague, de suite le reflet parfait de la musique, tout aussi insaisissable et indéfinissable. Le groupe lui-même est à nouveau constitué comme un quatuor à cordes avec violon, violoncelle et deux guitares, Sauzereau jouant une Fender Jaguar et Pauwels apportant des couleurs particulières à la « pedal steel ». Ce dernier a été choisi par Sauzereau pour son style très personnel et la combinaison sonore rêvée avec le violon et le violoncelle. Cette fois-ci, il n’y a pas de musiciens invités comme sur « Un ». À une exception près, toutes les compositions sont de Sauzereau.

Comme à leur habitude, les titres intriguent. Parfois, ils correspondent à un contenu attendu. Un exemple parfait est « Le dysfonctionnement », qui prend effectivement une tournure totalement différente au fil de l’histoire. Cependant, le quatuor crée également des contrastes complets entre les deux, comme dans le morceau d’ouverture « L’imminence de la catastrophe », qui semble annoncer une catastrophe imminente, mais se révèle être en fait une scène poétique.

Les références et allusions sont légion, selon l’expérience de l’auditeur. Ainsi, « Limite » pourrait être un clin d’œil caché à Philip Glass. Fantasmez surtout vous-même avec « Heroes in the seaweed », « Rébus », « Nadesha » ou encore « M-am uitat în oglindă și nu m-am recunoscut ».

Le fait qu’ils terminent par le fragile « Détail » peut être considéré comme le guide ultime. Chaque note, chaque tournant et chaque module ont en effet leur importance dans ces quatorze saynètes. Ecouter et réécouter est aussi le message. Et comme Sauzereau le répète sans cesse, chacun a la possibilité d’imaginer sa propre chronique. Il n’est que le vecteur qui fournit la matière avec laquelle vous pouvez ajouter vos interprétations personnelles.

Une collaboration Jazz’halo / JazzMania

Georges Tonla Briquet – Traduction libre : Luc Utluk