Deux productions Sérotine
Isabelle Duthoit / Anthony Laguerre
IKI
Sérotine Records
Nous avions esquissé le travail d’Anthony Laguerre à l’occasion de la parution de son disque avec Les Percussions de Strasbourg sorti il y a deux ans tandis que, l’année d’avant, nous vous présentions celui réalisé avec G.W. Sok sous l’alias L&S. A la fois batteur/percussionniste éclairé et compositeur aventureux, Anthony Laguerre est également ingénieur du son. Ses terrains de jeux sont nombreux, ils le lient au théâtre, au cinéma, à la danse. « IKI » est un de ses nouveaux projets, aux côtés de la clarinettiste/vocaliste Isabelle Duthoit. Quatre pièces, non titrées, enregistrées et mixées à Nancy, le lieu d’ancrage de Laguerre, mais mastérisées à Liège au studio Organic. Une alliance entre l’ouvrage rythmique de Laguerre sans cesse remis sur le tapis et les interventions vocales téméraires, imprévisibles de Duthoit. C’est incontestablement un dialogue qui se noue entre eux. Pour autant, il n’a rien d’un conciliabule, tout est, ici, mis à plat, assumé haut et fort, divulgué. La frappe de Laguerre marque à la fois par sa constance, sa persistance et sa façon d’aller se perdre dans des recoins fortuits. Pour sa part, Duthoit avance, s’avance sur un registre multiple : onomatopées sourdes, interjections, exclamations, éructations… rappelant parfois la démarche d’un Yamatsuka Eye au féminin. Cris et chuchotements version explosée ! Un disque physique dans tous les sens du terme.
Ravage
Ravage
Sérotine Records
Avec Ravage, Anthony Laguerre évolue avec deux violonistes : Bastien Pelenc et Mathieu Werchowski. Outre leurs instruments respectifs, ils s’appuient sur des effets et parfois sur un harmonica. A nouveau, quatre pièces composent le disque. La dernière, « Nex », s’étale sur près de vingt-six minutes et le fait culminer au travers une ascension sonore prenante, captivante. Des compositions tendues, arc-boutées, où tant les cordes que la rythmique se veulent insistantes, obstinées. Une musique qui s’écoute avec attention pour en percevoir les nuances et dont on imagine aisément qu’elle gagnerait à être entendue live. Ici aussi, le disque doit un peu à la bonne ville de Liège puisqu’il a été enregistré pour partie au studio de la Province et également au studio Organic.
