Rêve d’Eléphant Orchestra
Pourquoi pas un scampi ?
(De (Werf- AMG)
En 2001, Rêve d’Eléphant Orchestra enregistrait son premier album « Racines du Ciel », suivi trois ans plus tard par « Lobster Caravan », voici maintenant le nouvel opus de ce septet à nul autre pareil. Sans doute, Alain Vankenhove (ex-membre du sextet de Christophe Marguet et de l’ONJ) a-t-il succédé à Laurent Blondiau à la trompette et Benoist Eil (membre d’Animus Anima) à Jean-Yves Evrard à la guitare, mais le septet a conservé sa parfaite cohésion complice. Trois souffleurs polyinstrumentistes (Michel Massot, Pierre Bernard et Alain Vankenhove), trois percussionnistes inventifs (Michel Debrulle, Stephan Pougin et Etienne Plumer) et un guitariste, électron libre qui vient bousculer l’ordonnance des mélodies, voilà une des raisons qui font de Rêve d’Eléphant Orchestra une des rares formations à s’être créé un univers sonore authentiquement personnel, reconnaissable dès les premières minutes d’écoute.
Comme à l’accoutumée, le répertoire est constitué essentiellement de compositions originales, signées par M. Massot et par P. Bernard, que viennent compléter des arrangements surprenants, d’une part, de ce « O cieco mondo » de Jacopo da Bologna, compositeur italien réprésentatif de l’Ars Nova du 13e siècle, et, d’autre part, de « Tradewinds » de Dave Burrell, le pianiste, entre autres, de David Murray et d’Archie Shepp. Au total, propulsées par le foisonnement des rythmes des trois percussionnistes, de splendides mélodies (« Dromadaire », « Idylam’bo », »Mon éléphant ») parcourues de violents éclairs électriques ou de subits déchirements free (« Kaai »): un univers sonore très riche, truffé de constantes ruptures de rythme qui débouchent sans cesse sur de nouveaux horizons. Admirablement servie par la prise de son impeccable de Christine Verschorren, voilà une musique qui bouscule allègrement les frontières entre jazz et rock, musique ancienne et musique improvisée contemporaine mais pour construire un univers chamarré parfaitement cohérent. Tant pour la luxuriance de sa musique que pour l’éblouissement que celle-ci procure en concert, Rêve d’Eléphant Orchestra est assurément l’une des formations européennes les plus percutantes avec le Mégaoctet d’Andy Emler.
Claude Loxhay