Stefan Orins Trio… Circum Grand Orchestra

Stefan Orins Trio… Circum Grand Orchestra

Stefan Orins Trio: Liv  (Circum-Disc.com)

Circum Grand Orchestra: 12  (Circum-Disc.com)

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A l’instar d’Olivier Benoît, actuel directeur artistique de l’Orchestre National de Jazz, Stefan Orins incarne parfaitement la vitalité de la scène jazz lilloise. Né à Roubaix en 1970, il a poursuivi sa formation de pianiste au Conservatoire de Lille, de 1992 à 97, sous la férule de Jean-François Canape (trompette), Gérard Marais (guitare) et Yves Torchinsky (contrebasse). Ouverte dès 1987, la classe de jazz lilloise, selon ses termes, vise à “développer le langage propre de ses étudiants par l’improvisation”, à l’image de ce qui se passe à Liège (actuellement, c’est Fred Favarel qui a succédé à Gérard Marais et notre compatriote Marie-Anne Standaert à Jean-François Canape). Dès 1992, Stefan Orins a fait partie, avec Olivier Benoît (guitare) et Christian Pruvost (trompette), du quintet Impression qui, en 1996, a remporté le prix Jazzaround: ce qui lui a valu d’enregistrer un premier album pour Lyrae Records. Par la suite, le quintet sortira, sur le label lillois Circum, “Le bénéfice du doute” avant de changer de nom : Fluo avec l’album “Encore remuants”. Mais, en parallèle, le pianiste nordiste a très rapidement formé son propre trio, en compagnie de Christophe Hache (contrebasse) et Peter Orins (batterie). Ce trio a enregistré successivement “Nast Resa” en 2004, “Bonheur temporaire” en 2006, “Stöt” en 2010 et, enfin, “Liv” en 2014, tout en se produisant en France comme en Belgique (le Travers à Bruxelles, le Pelzer Club à Liège). Sans doute en conséquence aux origines franco-suédoises de sa famille – ce qui explique le choix de certains titres -, le pianiste nordiste aime à citer comme référence Bobo Stenson mais aussi le Britannique John Taylor. Au travers des sept compositions de “Liv”, Stefan Orins concilie énergie, densité et lyrisme au travers de thèmes au tempo survolté, appuyé par des motifs volontiers répétitifs et tourbillonnants (Initiales VV, Liv, Upplösning) ou des rythmes sautillants (Krakow) mais il démontre aussi son talent mélodique dans la ballade Bruxelles-Charleroi et son jeu à l’intérieur du cadre du piano (Henri Grouès), toujours en parfaite complicité avec sa rythmique.

(N.D.L.R. le trio de Stefan Orins est à l’affiche du prochain Mithra Jazz Festival, samedi 09 mai 21h30 !).

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On retrouve les trois musiciens au sein du Circum Grand Orchestra auquel a collaboré, auparavant, Olivier Benoît. Pour “12”, le dernier album en date, Circum a réuni 13 musiciens : une rythmique élargie, avec autour du piano, deux guitares, deux basses et deux batteries et, pour obtenir une palette sonore au large spectre, deux saxophones, une clarinette basse, deux trompettes et un bugle (+ voix sur Graphic). Au sein de la formation, plusieurs musiciens sont issus du Conservatoire de Lille, comme Stefan Orins ou Ivann Cruz (guitare), mais aussi du Conservatoire de Paris tel Aymeric Avice (trompette) ou de Caen comme Jean-Baptiste Perez (saxophone alto, flûte), un élève de Laurent Dehors. Des musiciens qui se sont croisés à de multiples reprises comme Julien Favreuille (saxophone ténor, flûte), membre du quartet Happy House d’Olivier Benoît, avec Nicolas Mahieux (contrebasse) et Jean-Luc Landsweerdt (batterie) ou Christian Pruvost (trompette) du quintet Impression comme Stefan Orins, ce qui explique la parfaite cohésion complice de la formation. Le répertoire original est entièrement constitué de compositions du bassiste Christophe Hache. Une écriture sophistiquée, un peu comme un millefeuilles composé de multiples strates qui viennent s’emboiter les unes aux autres, au cours de longues compositions de 9’30 à 13’17. Une sonorité d’ensemble dense et puissante axée souvent sur des motifs répétitifs (piano et guitare sur Tan Son Nhat) sur lesquels viennent s’imbriquer de passionnants solos en dialogue avec l’orchestre : clarinette basse de Christophe Rocher sur Tan Son Nhat, envolée “free” de l’alto de Jean-Baptiste Perez sur Hectos d’Ectot, trompette sur 12 et Principe de précaution, saxophone ténor de Julien Favreuille avec guitare en contrechant sur Graphic, guitare sur Padoc, après une belle intro entre flûtes et clarinette basse. Bref une écriture riche pour une formation soudée et aux fortes individualités. A découvrir.

Claude Loxhay