Aka Moon… Pablo Held…

Aka Moon… Pablo Held…

Classique et Jazz, les exemples sont nombreux d’une approche bleue de la musique classique.

En voici deux dans l’actualité discographique récente.

Pablo Held Trio, Recondita Armonia (Pirouet Records)

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« Recondita Armonia », la romance extraite de la « Tosca » de Puccini, ou «harmonie cachée»,  est le titre du  nouvel album  du pianiste allemand à la recherche de ballades tirées du répertoire classique. La formule n’est pas nouvelles pour Pablo Held qui avec ses partenaires, les magnifiques Robert Landfermann (contrebasse) et Jonas Burgwinkel (drums), a déjà interprété des œuvres de Federico Mompou ( Secreto sur l’album « Elders » et Impresiones Intimas sur « Music », tous deux sur le label Pirouet) et d’Olivier Messiaen (« O Sacrum Convivium »).  Familier des compositeurs classiques qu’il écoutait régulièrement dans la maison familiale, Pablo Held les reprend ici tels des standards en développant les harmonies et les improvisations, travail auquel sont intimement liés ses deux partenaires. On pense par moments  à Paul Bley (sur Mountain Horn Song de Béla Bartok), alors que la coda du même morceau s’inspire de celles que Bill Evans écrivait pour les standards. Agnus Dei de Stravinsky contient toute la force méditative de l’œuvre et Interludium nr5 d’Hindemith est prolongé par une coda originale du pianiste. Un album tout en finesse et subtilité qui s’ajoute à une déjà longue discographie (une vingtaine d’albums !) de ce jeune pianiste d’à peine 29 ans !

Aka Moon, The Scarlatti Book :  Sonata Inspiration (Outhere Music)

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Commande de l’Institut Culturel Italien de Madrid, « The Scarlatti Book »  s’inspire des sonates du compositeur napolitain – qui vécut aussi et mourut dans la capitale espagnole. Rien ne semble impossible à Fabrizio Cassol, Michel Hatzigeorgiou et Stéphane Galland : tout autant emportés par les mesures complexes de Steve Coleman, le souffle méditatif des musiques de l’Inde, les sonorités électro-symphoniques de DJ Grazzhoppa, les polyrythmies africaines, les Balkans ou le Maghreb,  le trio s’adjoint ici les services inspirés – et quasi indispensables sur ce répertoire – de Fabian Fiorini pour explorer le monde de Scarlatti : les introductions de la plupart des pièces sont dévolues au pianiste qui met en quelque sorte ses partenaires sur la voix et AKA1 est une pièce pour le pianiste. La modernité des pièces est accentuée par quelques emprunts au monde « Aka Moon », comme les rythmes balkaniques ou les similitudes avec Fonès, composition de Fabrizio Cassol reprise sur le récent « Unison ». Un monde finalement pas si étrange pour Aka Moon, Scarlatti lui-même s’inspirant de couleurs méditerranéennes, de danses espagnoles, créant une filiation quasi naturelle avec les quatre musiciens : ouvrir les esprits, et si nécessaire forcer les portes ou défoncer les murs, est une mission dans laquelle Aka Moon excelle dans tous les genres. Oserait-on dire dès lors que cet album fait partie des plus belles expériences de la galaxie Akalunaire. A coup sûr.

Jean-Pierre Goffin