Anouar Brahem, souvenance @Bozar

Anouar Brahem, souvenance @Bozar

Anouar Brahem, élégance et sérénité,

en souvenance de la révolution de printemps.

Dans le cadre du Hello Jazz! festival, la grande salle Henry Leboeuf (BOZAR) était comble ce samedi soir pour accueillir le oudiste tunisien accompagné de ses musiciens de l’album « Souvenance » :  l’incontournable François Couturier, déjà présent sur « Le Pas du Chat Noir » et « Le Voyage de Sahar », Klaus Gesing à la clarinette basse et Björn Meyer, basse électrique, les coloristes de « The Astouding Eyes of Rita ». Pour cette tournée européenne, Anouar Brahem nous avait confié lors d’une récente interview souhaiter présenter le projet avec un orchestre à cordes dans  les grandes villes de son parcours. C’est sur l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie que le choix s’est porté, avec Franck Braley comme dirigeant, un choix qui s’avérera juste et dans l’esprit de la musique du oudiste.

Le  piano seul entame les premières notes du concert, s’ensuit un bruissement de cordes avant l’entrée délicate du oud, seule la basse slappe légèrement pendant cette première pièce. Le quartet joue seul la deuxième pièce; cette alternance de morceaux avec cordes puis sans donnera le rythme de l’intégralité du concert. Tout en finesse et lyrisme, les thèmes se développent dans une atmosphère recueillie, seules quelques notes de flamenco sont perceptibles, la clarinette basse tente une percée vers quelques dissonances, la basse donne une cadence obstinée. On est plongé dans l’univers de « Souvenance », un des plus beaux albums d’Anouar Brahem qui nous est rendu ici quasi à la lettre, les parties en quartet permettant quelques incursions improvisées de la part du oudiste et aussi sur les cadences du bassiste. L’orchestre se met totalement au diapason d’une musique recueillie, d’une troublante sérénité quand on sait les événements qu’elle évoque. Anouar Brahem a mis des années avant d’écrire l’œuvre, on y sent l’élément passionnel  assimilé, apaisé. L’actualité du Prix Nobel de la Paix décerné au Dialogue national tunisien (voir l’entretien accordé à redactie.be) colle à merveille à cette magnifique  musique. On ne se posera pas la question de la présence ou non du jazz dans « Souvenance », on n’en retient qu’un moment de grâce et d’émotion.

Jean-Pierre Goffin