A Love Supreme Electric : A Salvo inspired by John Coltrane. A Love Supreme & Meditations
Ce quintet des environs de Los Angeles s’offre un fameux challenge. La réinterprétation de deux des plus importants disques de John Coltrane parus au milieu des sixties, peu avant la disparition du célèbre saxophoniste. Ce groupe, formé exceptionnellement pour ces enregistrements (formation différente pour la scène) se compose de fabuleux musiciens, à savoir, Vinny Golla au saxophone, John Hanrahan à la batterie, Henry Kaiser à la guitare électrique, Wayne Peet aux claviers et Mike Watt à la basse. Plus le percussionniste Rakalam Bob Moses sur le cd « Meditations ». Si vous êtes coutumier de Coltrane et de ces musiciens vous aurez compris que ce groupe n’est pas un simple « tribute band » ! La volonté de Henry Kaiser, instigateur du projet, était d’explorer, d’imaginer ce que John Coltrane aurait pu produire comme musique, quelles sonorités auraient été créées, avec son concept album « A Love Supreme », si au lieu de quatre musiciens, ils avaient été cinq, jouant avec des instruments électrifiés ! Outre la guitare électrique inexistante à la base, le piano de McCoy Tyner est remplacé par un Hammond et un Yamaha ! Et le résultat est fabuleux. Les 4 titres de ce classique du jazz contemporain et dont nous connaissons les lignes mélodiques, reçoivent une nouvelle lecture passionnante. Les thèmes sont délivrés avec une puissance nouvelle et l’électricité envoie les sons vers des confins plus jazz rock, plus groovy. Ah ce son du Hammond ! Les passages free jazz proposés sont intenses tout comme la version époustouflante de « Psalm ». Revenons quelques instants à Coltrane pour rappeler qu’à cette époque il donnait une dimension spirituelle à sa musique, il était aussi impliqué dans la cause noire et s’intéressait à la musique psychédélique. C’est dans cet esprit qu’il crée « Meditations » en s’adjoignant un saxophoniste (Pharoah Sanders) et un batteur (Rashied Ali) supplémentaires. Ici le quintet ajoute simplement un percussionniste ! C’est toujours aussi électrique que sur le premier cd, l’explosion free jazz est omniprésente. Les constructions libres permettent à chaque individualité de s’y engouffrer. Mais on ressent que chacun veut atteindre un palier sonore supplémentaire, la progression de « Compassion » en est un bel exemple. On bat, on souffle, on gratte tant que la cime n’est pas atteinte ! Après, lentement, on redescend. Puis on swingue à l’aise sur « Love » mais on place bien une guitare hendrixienne en fond… Et le tout se finit avec « Serenity » ! Comme sur l’original ? Mais que non, le groupe nous rajoute deux reprises. D’autres versions des deux titres d’ouvertures, à savoir, « The Father and the Son and the Holy Ghost » et « Acknowledgement ». De quoi nous lessiver ! Profitez bien, vous aussi, de ces nouvelles lectures électrifiées. Mais quelle idée de génie d’avoir envoyé de l’électricité à Coltrane ! Il aurait grandement apprécié.
Claudy Jalet