Abel Selaocoe: Hymns Of Bantu

Abel Selaocoe: Hymns Of Bantu

Warner Classics

Il existe des albums, des musiques qui sont d’une telle richesse, d’une telle inventivité et originalité que nous n’avons même pas envie de les classifier. Juste expliquer au mieux nos ressentis. C’est le cas avec le second album de ce violoncelliste, chanteur, percussionniste, compositeur et improvisateur sud-africain nommé Abel Selaocoe (prononcé Se-Lau-Chwe) établi désormais à Manchester. Il nous propose une musique résolument contemporaine mais, selon ses dires, qui « célèbre ceux qui sont venus avant nous ». Ainsi se nourrit-elle de la musique classique européenne, de ses racines africaines (bantoue) et un peu de la musique orientale. Ces douze plages ont été composées (il y a deux reprises réarrangées de morceaux de musique classique – J.S. Bach et Marin Marais) pour différents ensembles. Mais avec quelques musiciens omniprésents : Alan Keary à la basse électrique, Fred Thomas au piano et Dudu Kouate aux percussions. Ils sont secondés par les magnifiques interventions d’un ensemble d’une quinzaine de musiciens, essentiellement aux cordes, nommé le Manchester Collective. Ajoutez à l’incroyable jeu la virtuosité et le chant d’Abel, tout ceci nous vaut un splendide voyage aux confins des héritages sud-africains jouxtant la musique classique. Sa voulue célébration de la musique en hommage « aux anciens » mais qui est résolument inscrite dans une approche contemporaine. Pour cela, il « transforme » son violoncelle et lui déroule un tapis de sonorités captivantes et étonnantes. Il modifie sa voix, lui apportant un son guttural, rappelant les chants de Mongolie sur « Kea Morata », ose la douceur sur « Tahepo – I » puis convie un remarquable chant gospel sur « Tahepo – II (Rapela) », et donne dans l’improvisation crue, ethnique, percussive sur « Dinaka ». Et entourant ces singularités, la présence d’une belle musique classique, de cordes harmonieuses, de voix ensorcelantes, de percussions subtiles et envoûtantes. Faisant de cet album, une œuvre relativement unique, truffée de subtilités, de trouvailles sonores, de revirements, de sinuosités. Une écoute de l’ensemble comme un éblouissement. Cette merveille devrait plaire à de nombreux fureteurs et j’ajouterai volontiers les personnes intéressées par le Womad, le Sfinks et Real World Records. Splendide.

Claudy Jalet