Adam Forkelid : Turning Point
Basé à Stockholm et très actif sur la scène suédoise, le pianiste Adam Forkelid a enregistré « Turning Point » en quartet avec des musiciens locaux : le guitariste Carl Mörner Ringström, le bassiste Niklas Fernqvist et le batteur Daniel Fredriksson. Le dossier de presse fait référence à une « touche nordique » comme composante de la musique, mais ce qu’on entend ici n’a toutefois rien à voir avec le « nouveau jazz nordique » à l’esthétique glacée dont ECM s’est fait une spécialité avec des artistes comme, entre autres, Jan Garbarek, Arild Andersen, Terje Rypdal, Bobo Stenson ou Jakob Bro. S’il est globalement mélodique et parfois lyrique, le jazz d’Adam Forkelid est aussi plus énergique et même, par moments, animé par une guitare électrique dans un style « jazz-rock ». On s’en convaincra à l’écoute du morceau « No Worries » et surtout de « Turning Point », une composition dense stimulée par une rythmique inventive, un pianiste plein de verve, ainsi que par un guitariste électrique à la virtuosité ailée dont le jeu n’est pas sans évoquer le « sweeping » d’un Frank Gambale qui, dans les années 80, marqua de façon indélébile le style de l’Elektric Band de Chick Corea.
Les six titres restants montrent, dans des approches différentes, un groupe de premier ordre mené par un Adam Forkelid talentueux et multifacette : pianiste formé à diverses écoles, compositeur remarquable de l’entièreté du répertoire et leader éclairé qu’un quartet à la sonorité splendide. Tous les thèmes sont attrayants, la musique est moderne tandis que le quartet affiche un réel savoir-faire : après tout, cela fait déjà pas mal d’années qu’Adam écume la scène jazz scandinave avec ses propres groupes ou en compagnie de vedettes du jazz suédois comme Magnus Öström, Dan Berglund, Nils Landgren, ou la chanteuse Viktoria Tolstoy. « Turning Point » est sorti sur le petit label indépendant suédois Prophone : il ne reste qu’à lui souhaiter de devenir un « point d’inflexion » vers une plus grande reconnaissance internationale.