
Adam Golebiewski – Dave Brown : Dogs Light
L’autre jour me voit cheminer dans les Ardennes. Le samedi, je grimpe une colline pour rejoindre le tout petit village de Cielle qui, son nom l’indique, tend vers le ciel. A la vesprée, je rejoins le cœur de la bourgade en empruntant le Chemin du Bout du Monde. Majuscules comme indiqué. Du rez-de-chaussée d’une solide bâtisse en schiste proviennent d’étranges sons. Je tends l’oreille. Ma curiosité me conduit à la porte. Je toque. Je m’enquiers. Un individu à la barbe hirsute m’introduit dans son salon, m’exhibe fièrement la pochette d’un vinyle. Une photo noir et blanc, presque sépia. Des racines entremêlées d’un arbre tropical, un végétal qui n’est pas d’ici. Je m’assieds sur le canapé. J’écoute plus longuement la musique qui s’échappe d’une paire de petits haut-parleurs coincée entre deux nutons en argile. Des plaintes, des complaintes de guitares étirées qui viennent échouer, s’échouer sur des rythmes éconduits, emboutis, rendus confus par des bruits accidentels induits par la frappe du pied taquinant les stomp boxes. Le vinyle est rouge. Les musiciens forment une paire réunie pour l’occasion. On ne leur connaît pas d’autre inventaire. L’enregistrement a été capté sur le vif à Melbourne, Australie. C’est loin, très loin de Cielle. Qu’importe. La nuit est maintenant tombée au-dehors. Une bruine froide détrempe le village. Un temps de chien. Le disque laisse échapper une lueur incertaine. Une vague lumière, suffisante pour réchauffer les cœurs. Et c’est bon d’être là, sous la protection d’un ciel d’hiver, un ciel de nulle part, avec M.C. qui, compulsivement, remonte le haut de ses chaussettes en laine sur ses chevilles.