Aka Moon débarque !
Les 20 ans d’Aka Moon en avant-première à Vrijstaat “O”
Rendez-vous très particulier que ce premier dimanche du mois de mars, un concert d’Aka Moon au centre culturel Vrijstaat “O”, à Ostende, dès 17h00, dans une salle située sur la digue, face à la mer du Nord, et à deux pas du célèbre hôtel des thermes. Une affiche “sold out” pendouille sur la porte d’entrée. Après avoir franchi un rideau, un public réunissant plusieurs générations attend déjà, fébrile, dans une salle à l’acoustique bricolée, mais plutôt avenante, baignée par une lumière entre chien et loup.
Le soleil avait rendez-vous avec la lune…
Fabrizio Cassol, Michel Hatzigeorgiou et Stéphane Galland ne tarderont pas à monter sur scène pour livrer un premier set. Dès les premières secondes, les curseurs sont poussés aux limites du possible, dans ce jeu très particulier du trio. Aka Moon, vingt ans déjà ! Si les cheveux gris de Cassol et de “Hatzi” témoignent des effets du temps, la surprenante “boule à zéro” de Galland risque quant à elle de semer la confusion entre lui et son collègue “ès drums”, Joe Baron. De plus, ces deux-là partagent bien plus que cette particularité physique, une grammaire des rythmes aux déclinaisons infinies. Le premier set se déroule à la lumière tombante, mais la tension permanente, ce sens consommé de la dramaturgie qui caractérise Aka Moon va sceller la communion avec le public dont l’attention ne ne baissera jamais d’intensité. Placé volontairement derrière Galland, j’ai pu observer, en temps réel, l’extraordinaire synchronisation entre le saxophone, la basse électrique et la batterie, Aka Moon flirte avec les nanosecondes…. Après vingt ans, pas de doute Aka Moon fait corps. Dans le public, trois “gamins”, comme hypnotisés, à la merci de la moindre accélération lancée par Stéphane Galland, grand perturbateur qui laissera même s’échapper quelques figures en droite ligne du Zawinul Syndicate. D’ailleurs, le premier set donnera à entendre quelques séquences plus lyriques. Aka Moon s’aventure en mélodies, un avatar heureux des productions initiées par Fabrizio Cassol, lors de sa résidence au Théâtre Royal de la Monnaie : “African Voices”, ‘Jef Buckley” ou encore cette rencontre mémorable avec le DJ Grazzhoppa’s Dj Bigband.
Aka Moon, bleu nuit sur la mer du Nord
Le second set commencera la nuit tombée. La lumière de la salle sera fort opportunément tamisée. Comme un signal. Ce sera Aka Moon “back to basics”, du pur, du dur, sans concessions, pour une démonstration qui va emporter définitivement l’enthousiasme du public. Les applaudissement sont doublés de cris, de “bravo”, et en fin de concert, un rappel vigoureux, sans appel. Les Flamands, Bruxellois, Wallons et anglophones présents ce dimanche-là, à Vrijstaat “O”, ne s’y seront pas trompés : Aka Moon est bien le meilleur trio de jazz contemporain de ce côté-ci de l’Atlantique. Pas de potion magique, vingt ans de travail, cela ne s’invente pas. Vingt ans, une durée de contrat exceptionnelle dans le monde des musiques. Vingt ans de nuits et de jours passés ensemble, d’expériences vécues et une fraternité sans doute à toute épreuve. Aka Moon c’est un modèle de développement durable comme on en voudrait beaucoup plus. Pas un buzz, une rencontre fortuite, mais un chemin creusé sur la longueur, trois regards dans la même direction, une page importante de l’histoire du jazz européen. Alors, vous voilà prévenu, ils fêtent leurs vingt ans, ce n’est pas tous les jours. Ils passeront pas loin de chez vous, attention à l’affiche “sold out” !
Plus d’infos sur www.akamoon.com
Philippe Schoonbrood