Alain Deval : Bothlane, The Brums, mais encore…
Alain Deval est un jeune batteur liégeois, plus que curieux de tout. Il fait partie du très prometteur quatuor jazzy-electro-rock The Brums, dont le second album est annoncé à la rentrée. Il est aussi impliqué dans de nombreux projets parallèles tels que Ginger Bamboo, Quark ou encore Anu Junnonen. Mais aussi Bothlane (« la folie » en langage Sesotho !), un projet qu’il gère seul, avec une batterie et des synthétiseurs, inspiré par la trance et la techno mais aussi par quelques rythmes afro-jazz (un premier ep 5 titres « Nog » publié sur Luik Records). La possibilité d’échanger quelques mots avec lui me fut offerte, après un concert dancefloor (mais sur l’herbe !) à Marchin.
«En parallèle à la batterie, j’ai toujours été tenté par les textures électroniques.»
Pourquoi ce projet en dehors de The Brums ?
Alain Deval : C’est un peu spécial. Dès l’âge de 16 ans, à la maison, je devais arrêter de jouer de la batterie à 18h à cause du bruit pour les voisins ! Mais à cette heure-là, j’avais toujours envie de faire de la musique. J’ai donc commencé à acheter des machines, une groove box pour faire de la techno. Muni d’un casque je pouvais continuer de créer… En parallèle à la batterie j’ai toujours été tenté par les textures électroniques. J’étais très attiré par la scène norvégienne notamment par Jagga Jazzist, un projet qui venait du jazz mais qui mélangeait cela avec de l’électronique. Miles Davis aussi m’attirait. Dans mon garage j’ai donc commencé ces unions. J’ai posté une vidéo sur Instagram et j’ai été contacté par Damien de Luik Music. Mais à l’époque nous étions aussi prêts avec le premier album de The Brums que je lui ai fait écouter. Il a pris The Brums, six mois après je lui ai fait parvenir de nouvelles démos et c’est ainsi que les deux projets se sont retrouvés sur ce label.
«Le net est le moyen le plus approprié, me semble-t-il, pour faire connaître ma musique.»
Envisages-tu un support physique pour diffuser ta musique. Je ne l’ai trouvée que sur le net…
A.D. : Pour le moment tout est sur le net. J’ai la possibilité de travailler et d’enregistrer seul, excepté pour le mixage. J’ai envie de sortir régulièrement des morceaux et comme les vinyles se vendent bien mais qu’ils sont assez chers à réaliser, le net est le moyen le plus approprié me semble-t-il pour faire connaître ma musique.
Pourtant il existe un ep 5 titres « Nog » avec une pochette…
A.D. : J’étais quand même attaché au fait d’avoir un objet physique donc il y a cette sérigraphie en contexte avec l’ep qui permet de le visualiser. Dans le futur, même si c’est toujours digital, je pense que tout ce que je publierai sera toujours accompagné d’un objet physique, pour marquer le coup !
«Être seul dans un projet, je trouve cela intéressant : on se trouve face à ses propres limites.»
Tout cela c’est pour le travail « maison », comment en arrive-t-on à envisager des concerts solos « batterie/machines » ?
A.D. : Quelque part je me dis que je suis fou ! (rires) C’est difficile mais j’adore cela, j’aime bien de travailler seul, même si j’adore être dans un groupe avec la notion d’échange. Etre seul dans un projet, je trouve cela intéressant. On est face à ses limites et c’est gai de le faire. Avant la musique, j’ai étudié le dessin à Saint-Luc et ce côté « travailler seul dans son atelier » me manquait. Même si en composant de la musique pour les autres groupes, c’est aussi une chose que l’on fait souvent seul, mais j’avais vraiment envie de me lancer dans ce projet solo.
Tu connais d’autres batteurs qui se produisent seul ?
A.D. : Il y en a quand même quelques-uns. Notamment Ches Smith, un batteur new-yorkais qui m’inspire beaucoup et qui joue régulièrement dans le groupe de Marc Ribot. Il joue aussi seul avec des machines mais dans un style plus contemporain. Mais Bothlane n’est pas un projet jazz.
«Je me sens à ma place sur la scène électronique. J’aime faire danser les gens.»
Toi, ce serait plutôt la techno ta source d’inspiration… Tu aurais ta place parmi des dj en festival (rires)
A.D. : Mais j’aimerais bien faire cela, je l’espère même ! (rires – depuis il a joué au Micro Festival NDLR). Je me sens à ma place sur la scène électronique et j’aime bien faire danser les gens. Je me suis déjà produit en salle à deux heures du matin et il y avait une superbe communion avec le public. Quand je joue le soir, il y a un écran derrière moi avec des images qui réagissent à la musique ! C’est un synthé analogique vidéo, mais j’essaye de trouver quelqu’un qui pourrait être sur scène avec moi pour s’occuper de cet aspect visuel.
Sur la vidéo de « Hornet » tu es accompagné de danseurs… Tu pourrais l’envisager en concert ?
A.D. : Je devais le faire. Il était prévu que je donne un concert au Vara à Groningen en Hollande, lors d’un festival. Je devais me produire aux environs de minuit. Il y avait trois jours de répétitions prévus avec une dizaine de danseurs mais avec ce virus tout est tombé à l’eau.
Pourquoi est-ce que « Hornet » ne figure pas sur l’ep ?
A.D. : En fait dans la techno on fait beaucoup ce genre de choses : sortir des singles régulièrement. Il n’y a pas tellement cette notion d’album contrairement au jazz.
Un petit mot d’explication sur ce concert visible sur le net « Antistatic Live Session » ?
A.D. : C’était mon tout premier concert ! C’est la MJ d’Antistatic, basée à Bruxelles, qui m’a contacté via une connaissance et proposé un concert filmé ! Belle expérience pour une première !(rires)
Tu es liégeois et tu y joues dans plusieurs groupes notamment Ginger Bamboo…
A.D. : Ce groupe est en pause pour l’instant parce que Jeremy (membre des Experimental Tropic Blues Band) est très occupé. Finalement nous sommes tous trop occupés ! Cela devient difficile de se voir. C’est un chouette groupe, plus dans l’esprit « tropical ». Je joue aussi avec Thomas Champagne, et là c’est carrément jazz. On va faire une tournée avec Adam O’Farrill, un trompettiste new-yorkais. On va sortir un disque en septembre et la tournée se fera dans la foulée. Je vais également jouer avec Bothlane aux Rockomotives et j’espère que cela sera un très beau tremplin pour me faire connaître en France. C’est bien car de nombreuses dates se rajoutent.
«The Brums, c’est une équipe, de véritables amis.»
The Brums va sortir son second album, nous en reparlerons plus tard mais tu peux nous dire quelques mots sur la formation du groupe ?
A.D. : D’abord The Brums c’est une équipe dans laquelle je me sens super bien. Ce sont de véritables amis. C’est un groupe dans lequel je compose aussi. A la base nous jouions ensemble au sein des Jeunesses Musicales. On était assez brass band et on jouait dans des écoles… Puis on a amené des synthés et on a commencé à écrire de la musique. C’est quand même une formation atypique, avec trois cuivres et une batterie. Puis il y a eu un premier cd, l’intérêt de Luik Records et la suite arrive ! (rires)
A dans quelques mois donc, certainement avec Yves, pour la suite des aventures de ce batteur talentueux, curieux et bosseur !