
Alain Jean-Marie & Diego Imbert : Ballads
Trebim Music / L’Autre Distribution
Combien Alain Jean-Marie a –t-il proposé de formules duo que ce soit en concert ou en studio ? C’est en tout cas une part importante dans son parcours de pianiste : « Elle me paraît en effet importante parce que c’est avant tout un dialogue immédiat dans l’intimité. J’en ai fait avec NHOP, avec Michel Graillier, avec Barney Wilen, avec beaucoup de chanteuses aussi. » Pour l’enregistrement de « Ballads », avec le contrebassiste Diego Imbert – avec lequel il enregistra déjà dans cette formule « Interplay » sur la musique de Bill Evans – l’initiative est venue du contrebassiste : « Pour cet album, Diego m’a donné rendez-vous au studio : il avait préparé une liste de thèmes sans arrangements. » Non seulement Diego a suggéré une liste de titres, mais aussi invité une oreille extérieure : « Daniel Yvinec donnait son avis à chaque prise sur la réalisation de l’interprétation, sur le tempo ; sans avoir une influence directe, il a été d’un grand secours sur l’enregistrement. Daniel était la personne idéale pour être à la fois l’oreille du public et aussi donner des directions sur l’interprétation sans toutefois vraiment s’investir dans la musique. C’est un travail qu’il fait régulièrement. Il est lui-même musicien, contrebassiste, mais il travaille plus aujourd’hui comme directeur artistique. » Dans ce répertoire entièrement consacré à des ballades du répertoire traditionnel, Alain Jean-Marie retrouve de nombreux témoins de son parcours : « Oui, ce sont pour la plupart des standards que j’ai joués beaucoup avec Chet Baker, Barney Wilen, Abbey Lincoln et bien d’autres. Ce sont des morceaux qui font partie du quotidien, ce qu’on appelle du mainstream, du jazz qui ne sonne pas free ni rétro, ça tourne autour du bebop. Le choix de jouer surtout des thèmes lents vient de Diego, des ballades à l’exception de « My Ideal » qu’on pourrait définir comme une « walkin ballad ». Ce qui marque à l’écoute des onze titres de cet album, c’est le balancement rythmique dans les échanges entre les deux complices, d’une indicible légèreté touchant quasi au silence, sans laisser paraître la moindre vulnérabilité : le contrebassiste et le pianiste sont sur la même longueur d’onde et leur musique est si fluide et naturelle qu’on en oublierait les titres de ces éternelles mélodies : seul compte le lyrisme de ces deux poètes du jazz