Alessandro Sgobbio : Piano Music 3
Il y a deux ans, à l’entame de l’automne, j’avais été littéralement subjugué par la musique d’Alessandro Sgobbio dont je venais de faire la découverte. Intensément cinématographique, elle avait suscité en moi des réminiscences de Brian Eno et inclinait à la mélancolie qui entoure quelquefois, avec une insistance entêtante, une rupture sentimentale fraîchement consommée. Ce « Piano Music 3 » est la suite logique de « Piano Music 2 » (paru en 2023) succédant à « Piano Music » (paru en 2022). Même design et layout de la pochette. Même durée avoisinant les trente-cinq minutes. Même démarche dans le processus de composition où Sgobbio se tient seul avec son Pianoforte Fazioli F278 et quelques appareillages électroniques qui demeurent discrets. Pour autant, on n’éprouve pas l’impression d’écouter une redite. Il n’y a sur ce troisième volet, qui clôt la trilogie, aucune redondance, aucune revisitation inutile. Sgobbio fait montre d’un jeu calme, serein, aéroporté, qui parfois s’emporte dans des modules répétitifs plus vifs, mais toujours contenus, comme sur le début de « Veils », la plus longue composition du disque. Une musique intimiste, il va sans dire. Une musique perméable à la méditation et à la contemplation. Une musique dont on se surprend à penser qu’elle nous abrite, le temps d’un moment, du tumulte inexorable du monde.
