Alex Heitlinger Jazz Orchestra : Slush Pump Truck Stop
SteepleChase / Xango Music Distribution
Alex est un éminent tromboniste américain qui sait se faire relativement discret. Il a formé un sextet avec lequel il a sorti deux albums acclamés aux States (« Green Light » et « The Daily Life of Uncle Roger ») mais ce dernier date déjà d’il y a une quinzaine d’années. Durant toutes ces périodes transitoires, il s’est perfectionné dans différentes universités américaines tout en jouant sur quelques albums et dans différentes formations, en fonction des villes dans lesquelles il s’installait. Jusqu’à obtenir le droit de professer récemment à l’Université Elon en Caroline du Nord. Enregistré au printemps 2019, cet album ne paraît que cinq années plus tard ! En cause, ses études, une famille qui s’agrandit, le covid et le désir de publier un album qui le satisfasse pleinement. À la tête d’un imposant orchestre de 21 musiciens, Alex impose une musique de big band relativement originale. Oubliez certains des clichés sonores de ces grandes formations et découvrez des arrangements, des ambiances toutes autres. Bien sûr c’est le jazz qui est convié, il est exécuté par beaucoup de cuivres, mais il sait se montrer inventif, varié, parfois déconcertant. Pour cela, Alex a utilisé le studio d’enregistrement comme un « instrument supplémentaire ». Apparaissent donc des échos, des effets, des « retards » conçus pendant la phase finale de création. Parmi les neuf titres proposés, il y a une reprise de « Autum Leaves » de Kosma et Prévert (Les feuilles mortes déjà mises à de nombreuses sauces !) qu’Alex est parvenu à bien s’approprier. Quant aux huit de ses compositions, il leur offre aussi ces aspects déconcertants qui nous font passer du cinématique de « For Patrick » à des touches bluesy de la plage titulaire avec une agréable apparition d’un orgue Hammond B3. Sans oublier de mentionner les trois dernières plages qui forment une suite de vingt minutes et qui, elles aussi, nous font passer par des atmosphères variées, nuancées. Se suivent, se dispersent, des moments de calme, de belles mélodies, des passages plus sombres voire dramatiques (« Dissolution-Disillusion ») faisant de cet album « d’orchestre, de big band » quelque chose de relativement neuf, d’original et d’éminemment passionnant. Un petit livret de quatre pages, incluant la pochette, explique vraiment bien le cheminement des compositions, des arrangements, les pourquoi, les désirs du compositeur, certaines subtilités. Bref, de belles annotations bien utiles à l’écoute de l’album. Et à sa compréhension. Une belle et originale découverte pour votre serviteur. Je pense que d’autres auront les mêmes sentiments que les miens, vu les nouveautés proposées par ce compositeur.