Allison Wheeler : Winterspring
C’est en assistant au festival de jazz californien de Monterey, sa ville natale, qu’Allison Wheeler découvre et succombe au style musical. Elle décide de suivre des cours de chant, se fait assez vite remarquer et obtient une nomination comme révélation jeune vocaliste pour le magazine Downbeat en 2018. Puis elle quitte les States sans nous en donner la raison. Pour l’élaboration de son premier album publié sur un label londonien, c’est à Prague qu’on retrouve la chanteuse compositrice, à la tête d’un superbe trio initialisé en République Tchèque et composé du pianiste Daniel Bulatkin (qui lui a donné nos coordonnées signale-t-elle dans un petit mot joint au cd), du contrebassiste Max Makagonov et du batteur Petr Nohavica. Un délicat guitariste et un saxophoniste / clarinettiste invités, seconderont efficacement le noyau de base et un quatuor à cordes viendra compléter ce beau monde sur deux titres. Deux titres assez particuliers dans le sens où ils pourraient s’apparenter à des musiques de films, dans le style comédie musicale romantique. Séduite au départ par des chanteuses « pop » telles que Regina Spektor ou Fiona Apple, ce seront néanmoins des influences de Joni Mitchell qui guideront son style et sa musique. Qui est faite d’un jazz fluide, raffiné, posé, serein, sur lequel elle place sa très belle et douce voix. Qu’elle dédoublera sur le remarquable « Dawn ». Tout semble facile dans son chant, dans ses vocalises, tellement naturel, comme si aucun effort ne devait être fait ! Derrière elle, le groupe propose de beaux chassés-croisés entre le piano et la contrebasse. Ce même piano qui offre de la rêverie, du pastoral, de la mélancolie, de la poésie. « The Giant » sera le seul titre proposant de l’audace, de l’étonnement en flirtant un peu avec l’impro, le free. Par-delà ce bel écart laissant entrevoir d’autres perspectives pour l’avenir, on succombe facilement à ce jazz frais, finement élaboré, séduisant. Même si elle fait peu de vagues, ceci est une belle découverte.