
Alvaro Torres : Iris
Originaire de Madrid, le pianiste Alvaro Torres a beaucoup voyagé avant de partir aux Etats-Unis pour étudier à la Manhattan School of Music sous la direction d’Aaron Parks. Fasciné par la vie musicale de New York, il y a fondé un trio avec le bassiste John Hébert (Andrew Hill) et le batteur vétéran Barry Altschul (membre éminent de groupes dirigés par Paul Bley, Chick Corea et Anthony Braxton). La musique est aventureuse avec un côté « free » mais sans l’être complètement. Parfois, comme sur « Old and New », elle évolue lentement à tâtons comme si elle cherchait sa route dans l’obscurité. Mais sur « Iris », elle avance fièrement dans toutes les directions à la fois, portée par les clusters de notes du leader et le tonnerre de la batterie. « Carla’s Ingredient » est un hommage fiévreux à Carla Bley tandis que « Celia », la seule reprise de l’album, déconstruit l’univers be-bop de Bud Powell qui se trouve projeté dans une nouvelle dimension sans pour autant que les trouvailles mélodiques de la composition originale ne soient occultées. L’entente entre les trois musiciens est phénoménale : le foisonnement rythmique associé à une contrebasse mouvante déroute plus qu’ils n’accompagne, ouvrant des pistes multiples sous les pieds du pianiste. Totalement imprévisible, « Iris » combine sophistication et abstraction dans un registre avant-gardiste d’abord déroutant et ensuite attachant.