Andorra : Andorra

Andorra : Andorra

April Records

Originaire du Danemark, Andorra joue une musique qui n’a rien à voir avec celle sombre et atmosphérique si prisée par les groupes nordiques. Leur créneau est plutôt un jazz électro-acoustique ondulant et chaleureux, perfusé par un groove latent. Tous issus du « Funen Music Conservatory » d’Odense, les musiciens de ce quintet ont évolué dans différentes directions avant de finalement se regrouper pour enregistrer ce disque au son lustré.

Premier titre du répertoire, « Travelling » donne le ton. La musique montre une belle plasticité sonore et s’avère très agréable à écouter. Le mouvement est lent, ample, basé sur la répétition de motifs sous-tendus par un groove léger. Sur cette trame collective bien formatée, les solistes peuvent s’étendre à l’aise, en particulier le claviériste Peter Kohlmetz Møller ici très présent au Fender Rhodes. A peu de choses près, les six compositions originales suivent une direction musicale similaire mais avec des rythmes variables et des interventions diverses de la part des solistes. Sur « Orbit » emmené par une pulsation tempérée et peuplée d’électronique, Mads La Cour, membre du renommé Danish Radio Big Band, impressionne à la trompette dans un style de jeu qui n’est pas sans évoquer Christian Scott dans ses premières productions. Et sur « The Abandonned Circus », c’est le guitariste Simon Krebs qui vole la vedette avec un beau solo délié qui fera lever les sourcils des amateurs de six-cordes. On épinglera aussi « Manifolk » et son balancement de fin de nuit sur lequel excelle une nouvelle fois Simon Krebs.

Fluide et sinueuse, la musique d’Andorra fait finalement plus rêver que bouger. Au fil de l’écoute, l’auditeur se laissera progressivement envahir par la pulsation légère et les arrangements millimétrés, mais ne manquera pas non plus de relever l’entente évidente installée entre les membres du quintet ainsi que la cohérence d’un répertoire qui évite toute extravagance et débordement. En résumé, Andorra pourrait bien être la parfaite illustration d’une fusion électrique urbaine à l’expression apaisée.

Pierre Dulieu