Anne Efternøler & Lige Børn : Brugskunst
La formule est inhabituelle : une trompettiste se mesure à trois contrebassistes. Pour autant, elle n’est pas inepte. Pas plus qu’elle n’est inédite. C’est le deuxième album qu’Anne Efternøler propose sous cette déclinaison après un premier, éponyme, paru en 2022 et consacré par le magazine JazzNyt comme un des meilleurs disques jazz de l’année. La trompettiste danoise est l’autrice des quatorze vignettes qui y figurent. La plupart ont été enregistrées, en studio mais quatre ont été saisies sur le vif au Dexter, petit club jazz d’Odense à l’ambiance réputée. La trompette sort ici de son rôle d’instrument à vent pour devenir une véritable voix qui introduit, conduit les cordes des contrebasses. Celles-ci ne se confondent que rarement, chacune assumant un rôle, une tonalité distincte. Il en ressort une impression d’équilibre que soulignent des compositions comme la plage introductive et, dans la deuxième partie, « All you need is less », bâtie sur une note, ou le très délicat « Charlie følger efter mig » (interrogez Google traduction !) qui lui succède. Parfois, à certains détours, la cadence se fait plus soutenue, les basses davantage appuyées. Au final, « Brugskunst », qui pourrait se traduire par « art appliqué », apparaît comme une séance de respiration à la fois libre et spirituelle.
