Anne Paceo, Fables Of Shwedagon
Anne Paceo, Fables Of Shwedagon
Chez Anne Paceo, la notion de nouvel album n’est pas qu’une formule, puisque chacun de ses disques est une réinvention, une nouvelle aventure à chaque fois enthousiasmante. L’artiste n’ayant jamais caché son goût pour les voyages et les rencontres, c’est au Myanmar qu’elle nous emmène avec Fables of Shwedagon. Enregistré à Jazz Sous les Pommiers en 2017, il est le fruit de la rencontre marquante avec l’orchestre traditionnel birman Hsaing Waing. Au cœur d’une société tout récemment sortie de soixante ans de dictature, la musique birmane traditionnelle n’a connu aucune influence extérieure ; elle demeure singulière, unique au monde et possède ses propres codes. A ce titre, l’association de cinq musiciens birmans et cinq musiciens français n’était pas évidente, les approches harmoniques et rythmiques des deux cultures étant sensiblement différentes. Mais l’ouverture d’esprit et le talent que les dix artistes ont en commun a permis de créer une musique d’une grande richesse, et totalement inédite. Le répertoire est inspiré de contes et fables du Myanmar, mêlant les compositions d’Anne Paceo et celle de Heint Tit, joueur de Pat waing, cet instrument traditionnel composé de 21 tambours placés de façon circulaire et joué avec les mains. Dans la hiérarchie du groupe birman, il occupe une place centrale : il dirige, donne les départs, joue la mélodie principale et change le tempo. L’association des percussions – batterie comprise – au rôle à la fois rythmique et mélodique crée une harmonieuse rencontre avec les bois et les cordes, sur fond d’histoires de nature, d’astres et d’animaux. Autant de thèmes communs à tous les peuples, au-delà des différences culturelles. Pour Anne Paceo, la musique est un espace sans frontières, un terrain de jeu inclusif, dans lequel elle crée sans limite. Une démarche qui lui permet de faire naître des pépites comme Fables of Shwedagon, ce chef d’œuvre radieux et enjoué.
Raphaël Benoit 
