Arshid Azarine : Vorticity
Ce disque n’a-t-il pas été fait pour moi ? Moi qui me suis retrouvé face à mon cœur – et même à son arrêt – l’année dernière, ce « Vorticity » me parle d’autant plus. Le pianiste (et chercheur en imagerie cardio-vasculaire) Arshid Azarine a mis en musique ses réflexions sur le flux vortical et hélical, qu’il explique et vulgarise très bien dans ses liner notes. Entouré du bassiste électrique Hervé de Ratuld et du percussionniste Habib Meftah, le pianiste – parfois aussi au Fender – nous offre neuf compositions qui vont du groove latent à des moments plus méditatifs, traversés de jazz aux parfums de Moyen-Orient. Les thèmes s’inspirent de douloureux souvenirs, d’amours lointains ou de liberté perdue, vécus en Iran ou au Kurdistan. Sans jamais forcer le trait, mais en laissant la fluidité des mélodies suivre l’imaginaire ou, peut-être, les pulsations du cœur provoquées par les émotions, le trio nous fait voyager. De manière joyeuse et insouciante (« Erevan, Tabriz, Tehran ») ou plus mélancolique (« Baharoun », « Abann »). Azarine se souvient aussi des passagers du funeste vol PS-752 (avion abattu « par erreur » par la défense iranienne) et de leurs derniers battements de cœur. Le trio manie avec élégance les rythmes impairs, les sonorités traditionnelles persanes et les beats plus actuels. Il s’enrichit aussi de quelques troublantes introductions, mi-parlées mi-chantées gravement par Golshifteh Farahani, ou d’un poème déclamé de façon très poignante par Moki Azarine en clôture d’un album insidieusement captivant et palpitant.