Bex – Lescot, La Chose Commune

Bex – Lescot, La Chose Commune

Emmanuel BexDavid Lescot,

La Chose Commune

LE TRITON

“La chose commune” est à la fois un récit et un hommage à la Commune de Paris. Disque militant donc ? Assurément. D’ailleurs n’est-il pas ponctué d’un « gare à la revanche quand tous les pauvres s’y mettront » ? Celui-ci revient comme un leitmotiv, notamment dans la « La Semaine sanglante », long morceau de 15 minutes qui narre la défaite. S’agit-il d’un opéra ? « Ça pourrait », écrit sur son site David Lescot, metteur en scène avec qui Emmanuel Bex s’est associé pour monter ce projet. Ce serait plutôt un oratorio puisqu’il n’y a ni décor, ni costume. Le souhait des concepteurs est en effet de livrer textes et musiques de manière brute, sans artifice.

Au chant et au récit, on trouve, outre David Lescot, Elise Caron et Mike Ladd, entourés de Emmanuel Bex (orgue), Simon Goubert (batterie) et Géraldine Laurent (saxophone alto), entre le jazz et le slam donc. Ce n’est pas la première fois – loin de là – que des musiciens font un tel arrangement et il est inutile de citer les projets antérieurs tant ils sont nombreux. Reste qu’ici, si ce n’est pas original, l’association est évidente. On y suit, sous forme de déclamation, le récit chronologique, Louise Michel, Elisabeth Dmitrieff, Paris secoué et malmené, « le fleuve de sang », les assauts depuis les barricades, « la Bastille et la Villette qui tombent », les exécutions et l’ultime défense d’un contre tous rue Ramponneau où « toute l’armée [est] contre un indocile » qui trois fois déplante le drapeau des Versaillais. Avant la fin tragique, tout avait commencé sur les chapeaux de roues. « 18 mars » est un récit haletant où les musiciens nous conduisent à découvrir rue des Abbesses « la cohue, les chevaux et les canons partout ». On file ensuite rue par rue au milieu des soldats qui fraternisent avec les Communards. Les musiciens nous amènent au milieu de la Révolution. On les suit et on y est. C’est ingénieux, intelligent, pertinent.

Gilles Gaujarengues