Binker Golding / John Edwards / Steve Noble : Moon day

Binker Golding / John Edwards / Steve Noble : Moon day

Byrd Out

Lauréat de nombreux prix et récompenses, encensé par certains critiques au point de le comparer à John Coltrane ou Sonny Rollins, Binker Golding, au même titre que Nubya Garcia ou Shabaka Hutchings (saxophonistes ténor de premier plan comme Golding), contribue au renouveau du jazz anglais et plus spécifiquement londonien. Après avoir été sideman pour le contrebassiste Gary Crosby, puis chez la chanteuse Zara McFarlane (où il rencontra le batteur Moses Boyd), il forma en 2015 avec ce dernier le duo (mais qui pouvait se transformer en un groupe plus important avec des invités, tel Evan Parker) Binker & Moses, qui enregistra 4 albums (dont deux live) très énergiques et assez free. En 2019, il sortit d’abord un album davantage expérimental, en duo avec le pianiste Elliot Galvin, puis un autre en quartet, où il proposait un jazz contemporain avec des influences hard bop, funk, voire acid jazz. On le retrouve également sur le récent « Connect » de Charles Tolliver. Le voici dans un nouveau projet avec ce « Moon Day » (disponible uniquement en vinyle ou sous forme digitale). 6 compositions (pour quelques 73 minutes) signées et interprétées par un trio très free, avec une section rythmique habituée à jouer ensemble (John Edwards à la contrebasse et Steve Noble à la batterie, figures importantes du free jazz anglais depuis de nombreuses années). Cela commence très fort avec les 23 minutes de « One Giant Step » (référence à Coltrane ?). Après un début sur un rythme lent, Golding s’envole vers de très longues phrases énergiques, chaotiques, avec Edwards et Noble qui entretiennent cette ambiance libérée tout en « organisant » l’unité du groupe. Cette énergie impressionnante (mais avec des colorations propres à chaque composition) est maintenue tout au long de cet enregistrement pas évident d’accès, qui demande de nombreuses écoutes, mais qui peut se révéler au final comme une œuvre maîtresse du free jazz contemporain.

Sergio Liberati