BJO’s Finest Live
Brussels Jazz Orchestra, BJO’s Finest – Live (Saphrane)
Le Brussels Jazz Orchestra fête son 20e anniversaire, non pas avec une anthologie comme pour ses 15 ans (cédé Werf 074), mais un album live, enregistré à Flagey, qui, en huit longues plages, restitue toute la vigueur et toute la luxuriance sonore de cette formation qui compte actuellement parmi les meilleurs big bands dans le monde. Après de nombreux albums dédiés à la musique de leurs invités successifs (Kenny Werner, Dave Liebman, Bert Joris, Philip Catherine, David Linx, Richard Galliano, Michel Herr, Tutu Puoane ou le projet “Porgy and Bess” de David Linx et Maria Joao), voici le premier enregistrement uniquement consacré aux compositions personnelles des membres de l’orchestre depuis « September Sessions » (1999) et « Countermove » (2001). Bien sûr, il ne s’agit pas fatalement de nouvelles compositions : Neige et Danse Éternelle de Nathalie Loriers figuraient déjà sur l’album « Moments d’Éternité » gravé en 2009 par la Namuroise en compagnie de Bert Joris et d’un quatuor à cordes, Hoppin’ Around de Dieter Limbourg et Bells’n Brass de Lode Mertens faisaient partie du répertoire du sextet High Voltage en 2004, The Lizard Game est le titre d’un album éponyme du quartet de Bart Defoort en 2003 et For Kenny, pièce de Pierre Drevet dédiée à Kenny Wheeler, a notamment été jouée par le trompettiste français au sein du Stéphane Guillaume Brass Project. Mais ce qui importe autant que l’écriture des thèmes c’est celle de leur arrangement à laquelle ont participé Pierre Drevet (quatre titres dont Potion), Frank Vaganée (Bells’n Brass), Dieter Limbourg (Cafésieste), Lode Mertens (Neige) et Gyuri Spies (Hoppin’ Around). Ces arrangements mettent en valeur toute la puissance de l’orchestre, sa large palette sonore et tout son swing naturel, dont certains projets à l’écriture sophistiquée, comme « Institute of Higher Learning » de Kenny Werner, l’avaient en partie éloigné. L’enregistrement live permet aussi de restituer toute la vigueur des différents solos (deux à trois par morceaux) : en particulier, ceux de Frank Vaganée (saxophone alto sur Neige, soprano sur For Kenny), Nathalie Loriers (Neige, Danse Éternelle), Dieter Limbourg (alto sur Hoppin’Around et Cafésieste), Bo van der Werf (baryton sur Potion), Lode Mertens (trombone sur Hoppin’Around et For Kenny), Bart Defoort (ténor sur The Lizard Game), Marc Godfroid (trombone sur Bells’n Brass), Kurt van Herck (ténor sur Bells’n Brass) et Pierre Drevet, ce précieux transfuge de Jazz Ensemble de Patrice Caratini, au bugle sur Cafésieste. La stabilité du personnel est évidemment aussi un gage de cohésion. A l’exception du jeune batteur Toni Vitacolonna, élève de Dré Pallemaerts, tous les autres musiciens sont présents depuis de nombreuses années. Bref, voilà un album, intelligemment accompagné d’un livret d’une trentaine de pages richement illustrées, à marquer d’une pierre blanche dans la riche et fructueuse carrière de l’orchestre. On attend avec impatience le prochain projet du BJO : une rencontre avec Joe Lovano. Un concert qui sera proposé au prochain festival de Gand et qui fera l’objet d’un nouvel album. Patience : écoutez d’abord ce « The Finest – Live ».
Claude Loxhay