Bo Van der Werf + Jozef Dumoulin : Speaking Kindly
Doit-on encore introduire Bo Van der Werf et Jozef Dumoulin ? Nos pages ont suffisamment relaté, depuis moult années, leurs faits d’armes respectifs, de sorte qu’il nous semblerait superfétatoire de les passer à nouveau en revue. Pour l’heure, c’est cette nouvelle sortie qui retient notre attention tant elle déjoue nos prévisions. On connaissait l’amitié entre les deux hommes. On savait les liens les unissant comme musiciens. On ne mesurait pas à quel point, de leurs affinités sélectives, pouvaient découler de telles épiphanies. Si la notice biographique accompagnant le disque parle d’un disque qui a la force d’une cérémonie, rien de cérémonial cependant ne le commande. Tout est ici affaire d’attraits réciproques, de dialogues librement engagés. Tout tient dans l’intime d’une conversation en sons que nouent et renouent le saxophoniste baryton et le claviériste. Aux notes à la fois alertes et délicates que lance Bo, Jozef répond par des énigmes, des rébus, préférant les allégories, les ellipses aux évidences. In a manner of speaking… kindly.
Depuis qu’une nouvelle équipe préside à ses destinées (après deux décennies d’arrêt), le label parisien Peewee! aligne des sorties décidément curieuses et aventureuses. Cet album, à la dimension spirituelle assumée (Martin Luther King, les moines tibétains du monastère de Gyuto, la chorale atonale comme artéfact d’humanité…), constitue sans aucun doute une de ses entrées les plus remarquables. D’ores et déjà un des disques qui accompagnera notre automne.
En concert au Sounds Jazz Club (Bruxelles), le 25 novembre.