Camille Bertault et le Brussels Jazz Orchestra : le Gainsbourg des années 60

Camille Bertault et le Brussels Jazz Orchestra : le Gainsbourg des années 60

Quelle bonne idée que d’inviter la chanteuse Camille Bertault pour cette relecture des compositions du Grand Serge. Superbe, malicieuse et joyeuse à la fois, la voix de la chanteuse française illumine ce nouvel album du grand orchestre. Rencontre.

Camille Bertault © Didier Wagner

Qu’est-ce qui vous a amené à ce projet BJO-Gainsbourg ?
Camille Bertault : Ils sont venus me voir lors d’un concert à la Philharmonie de Luxembourg en 2019. L’orchestre était à la recherche de quelqu’un pour le projet. Il a pris beaucoup de retard avec la pandémie. De mon côté, j’aime beaucoup Gainsbourg, j’aime jouer avec les big bands, les choses se sont donc facilement mises en place.

C’est le confinement qui a décalé l’enregistrement de l’orchestre et de votre voix ?
C.B. : Le confinement a étiré tous les projets. Sans cela, j’aurais pu enregistrer en même temps que l’orchestre mais vu les circonstances c’était plus compliqué.

«J’ai moins l’impression de me démarquer quand je chante en anglais.»

Comment s’est fait le choix du répertoire, puisé essentiellement dans les titres anciens de Gainsbourg ?
C.B. : Le choix du répertoire s’est fait de commun accord. Ils m’ont proposé une longue liste de titres et j’ai pioché ceux que j’aimais. En effet, ce sont des titres plus anciens, ce sont simplement ceux qui avaient ma préférence. Ils ne sont pas nécessairement tous connus, mais ils mériteraient de l’être. Il y avait aussi des chansons auxquelles je tenais : « Les Goémons », c’est vraiment très beau et personne ne la connait.

Camille Bertault © Didier Wagner
Camille Bertault © Didier Wagner

Vous éprouvez un vrai plaisir de chanter en français. Sur Gainsbourg, bien sûr, mais dans votre album en duo avec David Helbock, vous mettez des paroles en français sur « Good Morning Headache », par exemple.
C.B. : J’adore écrire surtout. J’aime chanter en portugais aussi. J’aime un peu moins de chanter en anglais parce que j’ai l’impression que c’est un peu plus banal. J’ai moins l’impression de me démarquer quand je chante en anglais. Mais la principale raison est que j’aime écrire et chanter mes textes.

Le projet en duo a été enregistré quasi en même temps que celui avec le BJO, un effet de la pandémie sans doute ?
C.B. : Il y a toujours beaucoup de projets de toutes sortes qui se superposent. C’est une chose à laquelle je suis habituée. Il se trouve que ces deux-là se chevauchent pour les réponses évoquées plus haut par rapport à la pandémie. Mais j’ai été amenée ces dernières années à passer d’un quartet à un duo, d’un quintet à un grand orchestre… C’est de toute façon un métier où on doit constamment s’adapter pour plein de raisons, pratiques, techniques ou autres. Ce ne sont pas des situations qui me dérangent. Le projet en duo est une collaboration. Celui avec le BJO aussi, mais ce dernier m’a demandé moins d’investissement. Avec le duo, il n’y a pas d’autres décisionnaires, on a dû se concerter énormément. Avec le BJO, il y avait tout ce travail magnifique des arrangeurs et finalement ce que j’avais à faire c’était de poser ma voix sur ces arrangements. Sur mes projets personnels comme « Pas de géant », « Le tigre », ou un prochain qui va sortir « Bonjour mon amour », ce sont des projets que je porte toute seule. Il y a de grosses différences entre ces deux façons de faire les choses.

Camille Bertault © Didier Wagner

« Le BJO et Gainsbourg : il y avait déjà au départ une sécurité dans ce projet.»

Que ce soit sur le duo « Playground » ou « Gainsbourg », on retrouve des similitudes dans les couleurs que vous donnez aux morceaux.
C.B. : Je suis très contente qu’on puisse faire des rapports entre les différents albums que j’ai pu faire. Je me suis aventurée dans beaucoup de projets différents. J’aime beaucoup ce côté-là, mais mon objectif reste tout de même de varier les couleurs, tout en gardant une couleur commune entre mes albums, une forme qui est moi. C’est important, ça veut dire qu’il y a une identité commune à tous les projets, et j’y tiens.

Aviez-vous écouté l’album du BJO consacré à Brel ?
C.B. : Je connaissais le travail du BJO et j’y suis allée avec confiance. Je connais aussi le travail de David Linx sur ce projet. Mais j’ai eu dès le départ un sentiment de sécurité dans ce travail : le BJO et Gainsbourg il y avait déjà au départ une sécurité dans ce projet.

Brussels Jazz Orchestra with Camille Bertault
Gainsbourg
BJO

Chronique JazzMania

A l’affiche du Gaume Jazz Festival 2023.

Propos recueillis par Jean-Pierre Goffin