Captain Beefheart & The Magic Band : Amsterdam 80
Major League Productions LTD – Suburban
Quelques petits éclaircissements en guise de préambule. Ce cd a déjà vu le jour en 2006 et il me semble sous cette forme, soit 18 titres (le concert en comptait 21 mais trois sont passés à la trappe certainement à cause d’une captation défaillante) et accompagné d’un livret 12 pages de photos et affiches de concerts. Cet enregistrement, d’une très bonne qualité, a été capté au Paradiso d’Amsterdam le premier novembre 1980 (pour info, le groupe a stoppé les tournées en 1982) et est disponible grâce à Vara Radio. Les titres qui composent ce live sont issus de toute la carrière du gang. On en retrouve 4 du premier LP, à savoir « Safe As Milk », mais les classiques « Strictly Personal », « Trout Mask Replica » et « Clear Spot » sont aussi parcourus. Arrivé en 1965 au sein du Magic Band, Don Van Vliet (le Captain) s’est vite imposé en tant que réel leader, dictateur même, et a opéré de très nombreux changements de musiciens pendant l’existence du groupe. Il s’est aussi acoquiné avec Frank Zappa (ils ont joué ensemble à Amougies !) et l’influence de ce dernier est plus que sensible, sans toutefois altérer le côté plus immédiat, plus pétaradant du Magic Band. Avec comme résultat une influence majeure sur une bonne partie des groupes rock issus de la new wave (dEUS s’est toujours revendiqué de leur musique). De sa voix particulière, un grave d’outre-tombe, Don, aussi parfois à l’harmonica et aux saxes très free, lance la machine avec l’irrésistible « Abba Zaba ». Le Magic Band composé de deux superbes guitaristes, d’un batteur et d’un bassiste qui s’occupe aussi des claviers, va soutenir magistralement le Captain. Qui harangue le public. Il dira même aux personnes présentes qu’elles sont folles de donner autant d’argent pour un concert, qu’elles rentrent à la maison et forment leur propre groupe ! Mais faudrait être fou pour quitter cette musique, mélange de blues déjanté et syncopé, de rock un peu psyché, de garage, de jazz, de boogie voodoo (« Dropout Boogie »), d’expérimentations. C’est du déglingué, du brut, ce sont des accords tranchés, c’est une superbe version de « One Red Rose That I Mean » exécutée par le guitariste Jeff Tepper. La batterie démonte encore un peu plus les structures en les hachurant, conviant ainsi l’audience vers des danses d’ivresses où des corps élastiques se déhancheront sans règles établies, sans codes. La liberté d’expression gestuelle pour tous aux sons d’un groupe indémodable. J’avoue avoir pris un plaisir immense à ré écouter leur musique qui a vraiment bien vieilli. Oserai-je, qui n’a pas vieilli ! Hail Captain !
Claudy Jalet