Carla Diratz And The Archers Of Sorrow : Blue Stitches

Carla Diratz And The Archers Of Sorrow : Blue Stitches

Discus

Après l’album “The Scale” paru en 2021 et certainement vu son âge, Carla avait décidé de ne plus faire d’album, juste des featurings comme avec notre compatriote Guy Segers (Eclectic Maybe Band). Elle est revenue sur sa décision en déclarant vouloir faire un album de blues ! Elle a envoyé des titres en Angleterre au producteur Martin Archer, a enregistré sa voix dans un studio français et a même enregistré le chant de quatre titres au téléphone ! Et sa voix il faut vous la décrire : une voix grave, enrouée, puissante, rauque (c’est encore pire que Marianne Faithfull !) flirtant avec les effets de la cigarette (elle parle de « Stinky cigars ») et de l’alcool (« dry Bourbon »). Je ne connais personne avec une telle voix. Dans les studios anglais de Sheffield, Martin Archer (sax, clarinette, claviers, electronics) a invité quelques musiciens pour faire sonner guitares, orgue, basse, batterie et trompette derrière la voix tellement singulière de Carla. Et le tout nous donne un magnifique album de blues rock entre des atmosphères à la Nick Cave/Warren Ellis et Captain Beefheart (« The Inner Island, Free Delivery ») soutenu par quelques riffs de guitare, cinglants, à la Neil Young (« Recalling The Fear »). Parfois, le blues roots devient jazzy (« I’ll Be Gone », « Journey Within ») avec le soutien de la remarquable Charlotte Keeffe à la trompette. Mais un blues sombre sur lequel orgue et saxophone font aussi des merveilles. L’harmonica n’est pas en reste et il imprime le genre « desert song » à « Consumed ». Et pour faire plaisir à quelques-uns (dont votre serviteur) je signalerai que la combinaison orgue /saxophone n’est pas sans me rappeler quelques sonorités à la Van Der Graaf Generator (« Drops Of Remembrances »). Le free jazz bluesy dénudé s’exprime aussi sur quelques plages toujours dans un ton rocailleux et ambiance enfumée ! Qui sied aussi à la reprise un brin folk d’« I’m A Drifter » de Travis Edmondson. Et au niveau des paroles j’ai particulièrement accroché à « Places I’ve Been », quelques constats/souvenirs sur des endroits où elle s’est posée. Et celui où elle a vu Miles ! (« I smile, it’s Miles »). Un superbe album de blues déjanté, de rock poisseux, de roots triturés, de jazz souvent free qui devrait plaire dans le milieu de l’alternatif. Un monde friand de ce genre de musique différente, libre, sans retenue.

Claudy Jalet