Caroline Kraabel, Last 1 Last 2
Caroline Kraabel, LAST1 LAST2
Intéressant projet collectif conçu et dirigé par Caroline Kraabel avec la participation de Robert Wyatt. Sur le recto de la pochette, une photo de mur et de clôture, celle qui empêche les migrants de traverser la frontière britannique à Calais où se pressaient des milliers de réfugiés et migrants du Moyen Orient et d’Afrique, dans des conditions sanitaires indignes. Comme le souligne Caroline Kraabel, nous sommes tous des migrants ou des fils de migrants. Les revenus de l’album, enregistré au Café Oto en 2016, sont destinés à soutenir les organisations d’aide aux réfugiés Care4Calais et Utopia 56. LAST1 est une composition/conduction de Caroline Kraabel pour un grand orchestre et un enregistrement de la voix de Robert Wyatt chantant un texte de Kraabel. Les musiciens n’avaient pas entendu cet enregistrement de Wyatt auparavant et ignoraient à quel moment sa voix si caractéristique était diffusée. L’orchestre est composé de membres récurrents du London Improvisers Orchestra pour la plupart : Veryan Weston, piano, Phil Wachsmann, violon, Hannah Marshall, violoncelle, Neil Metcalfe, flûte, Alex Ward, clarinette, Tom Ward, clarinette basse, Jackie Walduck, vibraphone, Roland Ramanan, trompette, Caroline Hamm, trombone, David Jago, trombone, Sue Lynch, sax : ténor et seconde conductrice, Cath Roberts, baritone sax, Seth Bennet, double bass, Guillaume Viltard, contrebasse Mark Sanders, percussion. D’une durée de 29:20 LAST2 réunit un quartet : Caroline Kraabel, sax alto et direction musicale, Richard E Harrison, percussion, John Edwards , contrebasse, Maggie Nicols, voix avec la participation pré-enregistrée de Wyatt, chantant une texte de Caroline Kraabel. Une stratégie de jeu est élaborée en connaissance du contenu de la bande pré-enregistrée de Wyatt et en fonction des moments précis où elle est diffusée. La voix de Wyatt est toujours aussi originale, extrêmement personnelle, aussi sincère, profonde qu’irréelle. La musique collective dirigée ou initiée par Caroline Kraabel tisse petit à petit un écrin, une trame autour du texte. Last2 me fait redire que la communauté londonienne recèle des improvisateurs « inclassables » car ils ont très souvent la capacité d’adapter leurs passions au service de toutes les idées présentées par leurs pairs sur une base collaborative aussi enthousiaste que spontanée. Une forme de respect qu’on entend aussi dans la musique.
Jean-Michel Van Schouwburg
Caroline Kraabel, ici à la tête du London Improvisers Orchestra en 2008