Céline Bonacina : JUMP !
Dans la section de saxophones du « Rhoda Scott’s Lady All Stars », on connaissait Sophie Alour et Géraldine Laurent, moins Céline Bonacina. Son tout nouvel album permet de revenir sur une carrière pourtant déjà bien remplie et qui, après un premier opus enregistré sur l’île de la Réunion, décolle sur le label ACT avec Nguyen Lê en invité, avant de passer sur Cristal Records avec « Crystal Rain » et « Fly Fly » tous deux encensés par la presse française. Elle tournera aussi en duo avec Laurent Dehors. Ce tout chaud nouvel album « JUMP ! » nous révèle une nouvelle facette de la saxophoniste-baryton. Sur les neuf titres de l‘album, elle en écrit six, les trois autres étant confiés à ses partenaires américains et canadiens qu’elle a engagés pour se remémorer des ambiances musicales qui ont bercés, ou plutôt secoué sa jeunesse. L’époque des Brecker’s Brothers, du Chick Corea Electic Band, de Dave Grusin et de la compagnie GRP. L’idée d’aller chercher des musiciens outre-Atlantique n’est donc pas dénuée de pertinence , même si certains comme Chris Jennings sont des habitués de la scène française (partenaire de Grégory Privat, David Linx sur « Skin in the Game », de Nguyen Lê ou encore Joachim Kühn). Le batteur John Hadfield apparaît aussi sur le disque de Nguyen Lê, et tient la rythmique dans un nombre impressionnant de projets. Quant à Rachel Eckroth, on la retrouve, entre autres avec Donny McCaslin ou en collaboration avec Tim Lefebvre. Du très solide donc pour ce grand saut auquel la saxophoniste nous invite allègrement sur la pochette. Autant dire tout de suite que ça fait du bien de se retremper dans ce smooth jazz qui mêlait de façon innovante les racines du jazz au R’nB, à la soul, au pop avec des sonorités électriques.
L’album débute en force avec « Trust », le saxophone-baryton mettant toute la gomme d’entrée, nous mettant illico sur la voie d’une musique pleine d’énergie où la technique de la saxophoniste est épatante de bout en bout. Tout comme chacun de ses partenaires : on est capté par l’impressionnant drumming de John Hadfield, la mise en place d’une précision absolue de Chris Jennings et le dialogue permanent établi par Rachel Eckroth au piano et au Fender Rhodes, c’est hot et les passages vocaux se glissent avec subtilité dans cet univers qui, loin d’être une resucée ou un simple hommage à une musique aujourd’hui un peu délaissée, se recrée ici avec originalité. Le petit clin d’œil final à sa vie à la Réunion, « My Island Far Away » clôture magnifiquement un disque qui nous replonge dans une époque sans nostalgie facile, mais au contraire avec une vitalité nouvelle.